J'attache une importance aux objets pour leur beauté propre ou pour l'histoire qu'ils racontent, tout à fait indépendamment de leur valeur marchande, qui n'a aucune importance à mes yeux. Ainsi le couloir est devenu une sorte de soukh dans lequel se retrouvent juxtaposés des objets évoquant souvenirs et passions, voisinant avec mes chers livres et les dossiers de recherche. Bien entendu, l'Egypte y a sa place, une parcelle d'Egypte au coeur d'un village provençal. Et c'est par elle que j'entamerai cette catégorie des Horizons des Objets.
Il y a quelques-uns des livres sur l'Egypte, ces livres qui sont omniprésents. L'Egypte antique y côtoie celle de l'orientalisme ou de l'égyptomanie, ou l'Egypte d'aujourd'hui. Quelques-uns feront l'objet d'articles spécifiques, car ils sont une mine d'informations que je vous recommanderai si vous ne les connaissez pas déjà.
Autour d'eux s'articulent divers souvenirs ramenés d'Egypte lors de mes deux voyages, mêlant là encore tous les aspects de ma passion pour ce pays, sa civilisation, son histoire et son peuple. Les flacons à parfums dans lesquels ont pris place les huiles parfumées. Des vases en verre soufllé à l'ancienne réalisés par un des derniers artisans de la Cité des Morts du Caire travaillant selon des techniques antiques et achetés près du mausolée de Qayit Bay, comme nous en verrons le récit. Un vase en albâtre acheté à Louqsor, une belle pièce dans cette noble matière qu'affectionnaient les anciens Egyptiens. Un fanûs ramené d'Aswân et un riqq marqueté de Louqsor, une gravure représentant une vue du Caire médiéval achetée à la librairie du Musée Egyptien du Caire. A côté de ces belles pièces, du kitsch touristique, offert par des marchands ou acquis de guerre lasse à des vendeurs ambulants un peu trop insistants : ankh et mini-ushabti en faïence, statuette de Bastet en résine, petites pyramides... Sans oublier le drapeau égyptien trouvé à l'aéroport du Caire avant le départ.
Le fanûs (lanterne) d'Aswân et le riqq (tambourin) de Louqsor...
Et puis pour finir, un souvenir humain. Des colliers de jasmin séchés, offerts par Josiane et une vendeuse ambulante égyptienne qu'elle connaît. Josiane lui ayant dit que j'apprenais l'arabe, elle m'avait demandé de dire quelques mots ; un peu intimidé, je lui ai dit : "atkallamu l-arabiyy shwayya shwayya bass" ("je ne parle qu'un tout petit peu arabe"), et elle m'a répondu que c'était bien mais que je parlais plutôt en fusHa (arabe littéral) et qu'il fallait que j'apprenne le masri (arabe égyptien) - j'ai appris depuis qu'en masri il aurait fallu dire : batkallem arabiy shwayya bass. Souvenir donc d'une rencontre, avec Josiane et cette inconnue égyptienne, aux portes du Khân...
A droite, les colliers de jamin séchés, et bien sûr le drapeau égyptien (la jambiya, ou poignard, n'est pas égyptienne mais marocaine).
D'autres objets égyptiens se trouvent ailleurs dans ce cocon qu'est l'endroit où je vis. Mais là, c'est ma petite parcelle d'Egypte - encore en construction, d'ailleurs... Et puis il y a celle qui est dans mon coeur, qui porte tous les visages et les lieux aimés là-bas ; mais celle-là, elle me suit partout...