Une demeure perdue quelque part entre rêve et réalité, dans les sables du désert égyptien ou sur les flots de la Méditerranée. Tournée vers l'horizon, les horizons divers... Les horizons de l'Est et de l'Ouest, comme disaient les anciens Egyptiens... Une demeure un peu folle, pour abriter des rêves un peu fous, des passions, des émotions, des coups de coeur...
Artemisia Gentilleschi, Judith décapitant Holopherne (vers 1612-1613, huile sur toile, dim. 1,59 x 1,26 m, musée de Capolodimonte, Naples).
Exorciser ses démons, tuer ses fantômes d'autrefois, avec calme et détermination : voici l'un des combats les plus difficiles à mener. J'adore cette toile d'Artemisia Gentilleschi, fille d'un artiste célèbre de la Renaissance et première femme peintre connue. Un peu morbide, me direz-vous ? Non, prenez le temps d'observer la toile, de vous imprégner de son atmosphère, d'en lire les messages ; et vous verrez qu'elle n'est pas si noire qu'il y paraît au premier abord.
Si j'aime cette toile, c'est pour plusieurs raisons. D'abord, une grande admiration pour l'art d'Artemisia, peintre remarquable : art subtil de la couleur, excellence de la composition, maîtrise de l'ombre et de la lumière, caractère des personnages. Ensuite, une toute aussi grande admiration pour Artemisia elle-même, une femme déterminée, au destin hors du commun, dont le nom est enfin sorti de l'ombre dans laquelle l'hypocrisie machiste l'avait longtemps maintenue. Enfin, pour la portée symbolique : Artemisia y exorcise ses propres démons (le viol qu'elle a subi par un peintre ami de son père), mais surtout elle nous montre comment chasser ses propres fantômes avec détermination mais calme, sans haine mais sans faiblir non plus ; une belle leçon aussi pour se servir de ses douleurs afin de créer.
Nous retrouverons bientôt Artemisia et son oeuvre dans les Horizons des Arts, car elle mérite grandement qu'on s'intéresse à elle.