Un très intéressant article paru dans le n° 702 d'al-Ahram Hebdo, le journal égyptien francophone en ligne, nous fait aborder un aspect de la vie quotidienne en Egypte : le pain. Il reste l'aliment de base pour de nombreuses familles égyptiennes pauvres. L'Etat égyptien a beau subventionner le pain " baladi * ", les prix flambent et cette denrée de base devient difficile à se procurer pour les habitants les plus modestes des villes. En cause, la hausse du prix du blé, qui a des répercussions mondiales. En Egypte, la situation devient par endroit alarmante.
On est impressionné, en Egypte, par la dextérité de ces porteurs de pain qui, à pied ou à vélo, se faufilent dans la foule dense des villes avec cet empilement de pains en équilibre sur leur tête.
Vous découvrirez beaucoup de choses dans cet article, qui nous permet d'appréhender le quotidien de la plupart des Egyptiens. Fait culturel signifiant, des traditions abandonnées réapparaissent, comme la fabrication du pain à la maison, ce qui n'est pas simple en ville quand on ne dispose pas du four traditionnel, ou ces femmes de la campagne qui se déplacent de maison en maison pour fabriquer le pain familial. Il nous fait aussi découvrir des différences culturelles entre les régions égyptiennes, comme le pain de Louqsor qu'on laisse lever au soleil.
Enfin, une occasion aussi pour nous d'apprendre un peu de vocabulaire égyptien.
Alors qu'en arabe classique égyptianisé le pain se dit en principe khobz ( خُبز), les Egyptiens l'appellent plus volontiers 3eysh ( عَيش ) **, el-3eysh signifiant aussi " la vie ", ce qui peut sembler poétique mais surtout en dit long sur l'importance de cet aliment.
Le 3eysh baladi qu'on rencontre le plus fréquemment, en particulier au Caire.
Le 3eysh baladi, ou khobz baladi, c'est le pain traditionnel égyptien en forme de galette. On appelle plutôt par ce terme le pain acheté en boulangerie, celui qui est suventionné par l'Etat.
Le 3eysh beyti (littéralement " pain domestique / de la maison " ) est celui que l'on confectionne soi-même à la maison (beyt en égyptien). Il est cuit dans le four baladi, un four circulaire en terre.
Deux types de 3eysh shemsi.
Le 3eysh shemsi (de shems, le soleil) est un pain traditionnel en Haute-Egypte, de la région de Qena à Aswân, dont on fait lever la pâte au soleil.
La galette de pain traditionnel est appelée reghif.
La khabbaza - on retrouve la racine de khobz dans ce nom - est une femme qui, dans les campagnes, vient dans les maisons pour préparer le pain. L'auteur de l'article constate d'ailleurs que le retour des khabbaza est aussi lié au fait que les femmes avaient perdu l'habitude de préparer elles-mêmes le pain, et le savoir ne s'est donc pas toujours transmis.
Dans une prochaine série d'articles, nous évoquerons l'évolution de la consommation des céréales, et en particulier du pain, de l'Egypte antique à nos jours. L'article d'al-Ahram est une bonne entrée en matière pour l'Egypte d'aujourd'hui.
* el-balad (transcrit aussi beled ) signifie en arabe dialectal aussi bien le pays que la région, le lieu d'où on est originaire. L'adjectif baladi qualifie donc ce qui est du pays, de la région.
** transcrit aussi eish, eich ou encore aysh.
Lien :
Si vous voulez poursuivre sur le sujet, voici un lien très intéressant sur les pains traditionnels de l'Egypte contemporaine. Les photos de pains en sont extraites.
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