Saqqarah - Redécouverte de la pyramide de Menkauhor : les archéologues égyptiens ont annoncé la redécouverte de la pyramide de Menkauhor, roi de la Ve Dynastie, dans la zone nord de la nécropole de Saqqarah, à l'est du complexe de Teti. Cette pyramide, réduite à sa base et de ce fait souvent appelée « Headless Pyramid », était déjà connue et répertoriée sous le n°29 ; elle avait en effet été mentionnée au XIXe s. par Lepsius, mais avait été depuis recouverte par les sables. Il fallut à l'équipe un an et demi pour dégager l'ensemble, repéré grâce aux indications de Lepsius à l'emplacement d'un monticule de sable de plus de 7m de haut. Rien dans les vestiges ne mentionne le souverain auquel est consacrée la sépulture et les archéologues égyptiens ont dû faire appel à un certain nombre d'indices.
Vue d'ensemble du chantier de la pyramide de Menkauhor à Saqqarah.
La fouille a dégagé l'entrée de la pyramide, ses murs, la chambre funéraire contenant un couvercle de sarcophage et une fosse destinée au coffre des vases canopes.
On hésitait sur la localisation exacte de la pyramide de Menkauhor : Dashur ou Saqqarah ? Concernant la « pyramide tronquée » elle-même, les spécialistes divergeaient sur sa datation : soit de l'Ancien Empire, soit du Moyen Empire ; mais les fouilles actuelles ont écarté cette seconde solution, car l'ensemble ne présente pas les caractéristiques du Moyen Empire. Selon Zahy Hawass, l'absence d'inscriptions et la structure en blocs de granit rouge indiquent plutôt une construction de l'Ancien Empire. La chambre funéraire contenait le couvercle d'un sarcophage de schiste gris, roche couramment utilisée sous l'Ancien Empire. Enfin, sa proximité avec la pyramide de Teti, premier pharaon de la VIe Dynastie, renforce également l'attribution. La sépulture de Menkauhor aurait donc enfin été localisée.
Parallèlement, l'équipe égyptienne a annoncé la découverte d'une nouvelle portion d'une voie sacrée d'époque ptolémaïque, montrant comme les découvertes récentes de sarcophages tardifs la permanence de la nécropole de Saqqarah, associée au Serapeum ou tombeau des taureaux Apis. Cette voie sacrée avait déjà été repérée au XIXe s. par Auguste Mariette et surnommée « Allée des Sphinx » ; elle devait en effet à l'origine être bordée de sphinx des deux côtés.
Zahy Hawass souligne que de nombreuses découvertes restent à faire à Saqqarah. Concernant la pyramide de Menkauhor, on envisage de déplacer un village actuel implanté près du site afin de pouvoir étendre les fouilles.
(Article par Andrew Bossone, National Geographic, 5 juin 2008, avec une vidéo et article sur le Plateau, le site de Zahy Hawass ; informations complémentaires sur Talking Pyramids).
Nécropole de Gizeh - « La Pyramide perdue », un reportage sur la "4e pyramide" suscite des polémiques : la pyramide de Djedefre, à Abu Rowash, a fait l'objet en juin dernier de la diffusion d'un reportage sur la chaîne « History Channel » , sous le titre « La Pyramide perdue » et a fait sensation, puisqu'on y annonce la redécouverte de cette pyramide, qui serait plus haute que celle de Cheops. En réalité, il ne s'agit pas véritablement, comme le souligne un article de Newsweek, d'une « pyramide perdue », puisque les archéologues connaissaient depuis des années l'existence de la pyramide de Djedefre, roi de la IVe Dynastie. Elle avait été redécouverte depuis un siècle, mais n'avait pas été fouillée jusqu'à ces dernières années de par le fait qu'elle se trouve dans une zone militaire. D'autre part, elle paraît plus haute que celle de Cheops tout simplement parce qu'elle est située sur une éminence.
Le complexe de la pyramide de Djedefre à Abu Rowash reconstitué dans le reportage.
Atlantic, producteur du reportage, a déjà réalisé un certain nombre de reportages sur l'Egypte antique ( 3 sur Toutankhamon, « Egypt's Lost Tomb », « Nefertiti Ressurected » ) et travaille sur une série sur l'Egypte en 8 parties pour le National Geographic. Le reportage aurait pour but de mettre à la portée du public les résultats des travaux menés depuis les années 1990, avec des reconstitutions numérisées. De plus, ce reportage a le soutien de Zahy Hawass.
Pour Vassil Dobrev, archéologue de l'Institut Français d'Archéologie, la pyramide de Djedefre ne se trouve pas à Abu Rowash, mais à Zawyet el-Aryan, au sud de Gizeh, où ont été identifiés des vestiges d'une pyramide portant une inscription au nom de Djedefre - alors que ce qui est présenté comme sa pyramide à Abu Rowash n'en a pas.
Dejdefre, roi de la IVe Dynastie.
Reflet des tensions entre les archéologues étrangers et Zahy Hawass, que l'article surnomme de façon quelque peu déplacée le « Pharaon de l'archéologie égyptienne » ? Sans doute. Il n'en demeure pas moins que l'article donne accès à des documents intéressants (cliquez sur la pyramide en haut pour y avoir accès), ainsi que la bande annonce du reportage.
Le personnage de Zahy Hawass soulève bien des polémiques, mais peut-on que lui lui reprocher de vouloir donner la priorité aux archéologues égyptiens ?
(Article de Rod Nordland dans Newsweek du 23 juin 2008)