Pour ce retour dans les Horizons, je choisis de vous présenter quelques vues du quartier toulonnais dans lequel je me suis nouvellement installé, à l'entrée ouest de la ville. Un quartier que je connais bien en fait, puisque j'y ai pour ainsi dire grandi et que j'y ai déjà vécu quelque temps au retour de l'exil parisien. Quartier aussi où mon père, jeune marin, s'est installé en arrivant à Toulon.
La petite portion du Las qui refuse de quitter son lit d'origine, avant qu'il ne soit enfoui sous le sol actuel, au quartier de Rodeillac.
Le Las, c'est un petit fleuve côtier qui émerge au pied des montagnes à côté du village du Revest, dont la vallée longe le mont Faron par l'ouest et qui se jette dans la mer en deux endroits. Son lit d'origine le menait dans la rade au niveau de Castigneau ; mais au XVIIe s., pour les besoins du port militaire, on l'a détourné, de sorte qu'il se sépare aujourd'hui en deux : le Las de toujours, qui disparaît sous les constructions dans le quartier de Rodeillac et passe hors des regards sous l'église St-Joseph et la place du marché du Pont-du-Las ; et ce qu'on appelle la Rivière Neuve, qui à partir du Jonquet est en partie couverte pour aller se jeter dans la rade du côté de Malbousquet.
Au hasard des rues, au milieu des immeubles bien plus tardifs, on rencontre encore quelques vieilles bastides comme celle-ci, avec des vestiges de son ancien parc, dont les incontournables platanes et un beau pin parasol.
Autrefois, un pont enjambait le Las pour permettre à la route de Marseille de rejoindre Toulon. D'où le nom du quartier, tout simplement. A l'origine, le Pont-du-Las était un hameau entouré de jardins maraîchers et de vergers, de quelques maisons de campagne. Au XIXe s., les industries installées dans la vallée du Las et l'Arsenal se développant, beaucoup d'ouvriers s'installent dans le quartier. Rapidement, des commerces s'installèrent aussi. C'est sous le règne de Louis-Philippe que les constructions s'intensifient et qu'apparaît le projet de construire une église, dont je vous parlerai prochainement. Le Pont-du-Las a perdu son aspect champêtre mais a conservé son caractère de quartier populaire, l'un des plus vivants de Toulon, fait de contrastes.
Sur l'artère centrale par laquelle la route gagnait autrefois Marseille, le XIXe s. a élevé des immeubles de style provençal tardif...
... dont certains, comme celui-ci qui date des années 1830-1840, ont une belle façade ordonnancée et décorée.
Dans les rues adjacentes, ces petits immeubles provençaux où les ouvriers de l'Arsenal ou des industries de la vallée du Las louaient leurs logements pour être plus proches de leur lieu de travail.
L'église néo-romane St-Joseph, construite sous Napoléon III, l'un des coeurs du quartier devant laquelle s'étend la place du marché.
Cachées au mileu des immeubles récents, une ancienne maison de campagne bourgeoise...
... ou une charmante petite maison du début du XXe s. avec son jardinet.
Toutes les époques, tous les styles et tous les types d'habitations se mêlent ; des jardins, du bois, de la pierre, du béton : "contrastes" est vraiment le maître mot du quartier. On passe sans transition du brouhaha et de l'agitation au calme le plus inattendu, d'immeubles serrés les uns contre les autres à des jardinets ou des placettes. Et au loin, au-dessus des plus hauts immeubles, le Faron veille sur nous, depuis des millénaires...