" Groupe de danseuses " ( carte postale colorisée du début du XXe s. , datée 1914 par le cachet postal, coll. Kaaper )
Nous avions vu dans un précédent article le costume traditionnel des Ghawazee avant leur exil forcé en Haute-Egypte au milieu du XIXe s. Sur cette carte postale du début du XXe s. , voici un groupe de Ghawazee dans le costume que ces danseuses portaient à la fin du XIXe s. et qu'elles conservèrent jusqu'à ce que la tenue actuelle soit créée sous l'impulsion des cabarets et du cinéma entre 1930 et 1950.
Du costume d'autrefois, elles ne conservent qu'un gilet court, s'arrêtant sous la poitrine et rappelant l'anteree, mais sans manches. Dessous, elles portent un chemisier moulant en étoffe légère qui couvre la poitrine, le ventre et les bras, afin de ménager la pudeur - n'oublions pas qu'elles avaient essuyé au XIXe s. les foudres des religieux. Le principal changement réside dans l'abandon du shintiyan au profit d'une jupe ample descendant jusqu'aux chevilles, rehaussée de longs rubans brodés terminés par une passementerie ; les étoffes sont le plus souvent colorées et chargées de motifs végétaux de couleurs vives. Au cou et aux poignets, de nombreux bijoux selon la tradition des Ghawazee. Les deux femmes qui sont de chaque côté à l'arrière tiennent à la main les sagattes, ces petites cymbales ponctuant leur danse.
Les femmes photographiées ici apparaissent tête nue, comme c'est le cas la plupart du temps. Quelques-unes, sur d'autres documents, portent encore le tarboush et le turban. Autant dire qu'elles sont de ce fait toujours considérées comme des marginales, dans une Egypte où la plupart des femmes sont encore voilées avec le niqab égyptien noir ou blanc dont nous reparlerons.
Grand contraste avec le costume habituel de la plupart des femmes égyptiennes à la même époque ( " Native woman - Cairo ", carte postale du début du XXe s. , Zogos & Co., Le Caire, coll. Kaaper )
Post-Scriptum : Je viens d'acquérir une nouvelle carte postale ancienne représentant une Ghazeyya, sensiblement de la même époque que celle qui a servi de support à cet article. Il m'a donc semblé intéressant de l'ajouter. Ici, il s'agit d'une photo de studio, devant un faux décor de toile figurant l'intérieur d'un palais égyptien européanisé de l'époque : là encore, confusion, puisque les Ghawazy, comme nous l'avons vu, ne se produisaient pas auprès de la haute société - même si les authentiques Almées ont pour l'essentiel déjà disparu au début du XXe s.
Une Ghazeyya dans le costume intermédiaire entre le costume ancien et celui des danseuses d'aujourd'hui ( " Danseuse arabe ", carte postale du tout début du XXe s., Arougheti Bros, Suez, coll. Kaaper )