Une demeure perdue quelque part entre rêve et réalité, dans les sables du désert égyptien ou sur les flots de la Méditerranée. Tournée vers l'horizon, les horizons divers... Les horizons de l'Est et de l'Ouest, comme disaient les anciens Egyptiens... Une demeure un peu folle, pour abriter des rêves un peu fous, des passions, des émotions, des coups de coeur...
Une grande forteresse de la Basse Epoque près du canal de Suez :
Les magasins situés près du temple de Tell Dafna ( photo SCA ).
Une équipe d'archéologues égyptiens dirigée par Mohammed 'Abd el-Maqsoud, directeur du Département des Antiquités de Basse-Egypte, a découvert les vestiges de ce qui pourrait être la plus importante forteresse à l'est du Delta. Ils se trouvent à Tell Dafna, entre le lac d'el-Manzala et le canal de Suez, à une quinzaine de kilomètres d'el-Qantara. Il s'agit d'une véritable ville de garnison occupant une superficie de 380m par 625m, avec un mur d'enceinte épais de 13m.
On savait de longue date que le site de Tell Dafna était un point stratégique pour les anciens Egyptiens. Le roi Ramses II y fit construire une forteresse et plus tard le roi Psammetique I1 y établit une garnison de mercenaires étrangers2 pour protéger les frontières orientales de l'Egypte des invasions. Il semble que les vestiges exhumés remontent au VIIe s. av. notre ère, donc justement au règne de Psammetique I . Hérodote mentionnait sous le nom de Daphnae3 cet avant-poste égyptien. Flinders Petrie avait déjà partiellement fouillé le site en 18864, mais les vestiges qu'il avait mis au jour ont été depuis très endommagés par l'érosion, et ses conclusions doivent aujourd'hui être revues en raison des nouvelles découvertes.
Les nouvelles recherches menées à Tell Dafna permettent de sauver ce site important gravement menacé, qui permet en particulier de connaître les rapports entre Egyptiens et Grecs à cette époque. Les archéologues égyptiens ont découvert de nombreux objets, en particulier de la céramique locale ou importée, dont une portant une inscription en démotique et des amphores grecques à décor rouge et noir. Egalement des meules de pierre, une amulette et des éléments de flacons à khôl. De nombreux objets témoignent des échanges commerciaux entre l'Egypte, le Proche-Orient et la Grèce. En outre, les fouilles ont révélé de nombreuses pointes de flèches en bronze, ainsi qu'un système de drainage des eaux de pluie formé de canalisations de céramique aboutissant à des poteries enterrées à plusieurs mètres sous le sol. Pour les structures, l'équipe a dégagé un temple de briques composé de trois salles et de magasins pour le stockage sur le côté ouest ; un petit palais de brique a également été découvert au nord-est du temple. Les fouilles se poursuivront en 2010.
( article de Zahy Hawass et article de Rossella Lorenzi dans Discovery News, 14 juillet 2009, tous deux en angl., avec des photos des fouilles)
Les vestiges du palais situé près du temple ( photo SCA ) .
Notes :
1- Psammetique I , roi de la XXVIe Dynastie ayant régné de 664 à 610.
2- Essentiellement des Grecs.
3- Nom antique que l'on retrouve d'ailleurs dans le nom actuel de Tell Dafna.
4- Les objets exhumés lors des fouilles de Petrie ont été sortis d'Egypte et dispersés.
Découvertes d'époque romaine à Amheida, dans l'oasis de Dakhlah :
L'ensemble à vocation éducative d'époque romaine dégagé par l'équipe d'archéologues américains.
Des fouilles menées par l'Université de New York sur le site de cette ville abandonnée ont permis de dégager des structures, comme des rues couvertes, qui permettent de mieux connaître la vie dans ces zones reculées dans l'Antiquité gréco-romaine. L'oasis de Dakhlah est peuplée sans interruption depuis le Néolithique. Loin d'être isolées du reste de l'Egypte, les oasis étaient importantes car on pouvait y produire des denrées différentes de celles de la vallée du Nil.
A l'époque hellénistique et romaine, l'éloignement géographique n'empêchait pas les habitants d'Amheida de suivre la culture dominante de leur temps, comme le montrent les statues et peintures mises au jour. Surtout, les fouilles ont permis de dégager près d'une habitation aisée un petit complexe d'enseignement formé de trois salles agrémentées de banquettes, pouvant accueillir une cinquantaine d'étudiants. Des notes sur les murs témoignent du contenu des cours, comme un poème en langue grecque à sujet rhétorique écrit à l'encre rouge sur un mur. Cela témoigne que la culture gréco-romaine pénétrait y compris dans les zones reculées. Le site a également livré des centaines de monnaies romaines et des poteries, utiles pour la datation. Les prochaines campagnes porteront sur la recherche d'une église paléochrétienne et d'une vaste nécropole.
( article de Rob Goodier dans Live Science, 15 juillet 2009, angl. )
Des nouvelles du futur Grand Musée Egyptien à Gizeh :
Pour finir, un intéressant article à lire dans le journal emirati " The National " au sujet du futur Grand Musée Egyptien de Gizeh. Un projet gigantesque conçu dès 1992, avec un budget colossal de 550 millions de dollars ( soit plus de 3 milliards de livres égyptiennes ! ), dont l'ouverture est annoncée pour 2013 d'après les derniers rapports. Le futur musée abritera plus de 100 000 objets, dont l'intégralité du célèbre trésor de Toutankhamon. Nombre des objets qui seront exposés dans le futur musée n'ont jamais été montrés au public depuis leur découverte.
Le futur Grand Musée est conçu selon les principes du tourisme de masse, avec une cible de 15 000 visiteurs par jour et à terme 3 millions de visiteurs par an, soit l'équivalent de 25% du nombre de touristes venus en Egypte en 2008. Pas toujours facile de concilier ce tourisme de masse avec la préservation du patrimoine. Mais l'article rappelle également l'importance du tourisme pour l'économie de l'Egypte, avec plus de 11 milliards de dollars de recettes en 2008. Il représente 11% du PIB, emploie 12% des travailleurs égyptiens ; le Conseil des Antiquités emploie à lui seul 30 000 personnes. Cependant, une vingtaine de musées locaux sont programmés afin d'assurer la préservation des sites en dirigeant la majorité des touristes vers ces structures.
( article de Digby Lidstone dans The National, 20 juillet 2009, angl. )