Ce premier trimestre de 2010 a été une nouvelle fois riche en découvertes diverses, tant à Louqsor qu'à Saqqarah ou encore Alexandrie. Je ne m'étendrai pas sur certaines d'entre elles qui ont été largement commentées dans les médias et sur le web, me contentant de vous fournir quelques liens. De même, je me contenterait d'évoquer en un mot des découvertes qui méritent de faire l'objet d'articles spécifiques à venir.
Saqqarah - Découverte de deux vastes sépultures tardives : Une équipe égyptienne a annoncé en janvier dernier la découverte de ce qui pourrait être la plus vaste sépulture du site de Saqqarah. Il s'agit d'une tombe taillée dans la roche située tout près de l'entrée actuelle du site de la nécropole et datable de la XXVIe Dynastie. Elle est formée d'un grand couloir qui dessert de nombreuses salles annexes et passages. Une seconde tombe, plus petite, a été trouvée à proximité. L'ensemble constituait une sépulture collective pour des personnes de la classe moyenne ; il fut réutilisé à plusieurs reprises, puis pillée vers la fin de l'époque romaine. Parmi les nombreux artefacts exhumés, outre des restes humains épars, des sarcophages, des poteries et des faucons momifiés.(voir l'article de Yolande Knell, BBC News du 4 janvier 2010, ainsi qu'un autre de Rossella Lorenzi, Discovery News du 4 janvier 2010 avec des photos)
Alexandrie - Découverte d'un temple de Bastet d'époque ptolémaïque : vous avez sans doute tous entendu parler de la découverte importante, à Kom el-Dekkah, dans la zone palatiale, de ce temple qui a livré en outre environ 600 sculptures ; on pense qu'il a pu appartenir à la reine Bérénice II, épouse de Ptolémée III, et daterait ainsi du IIIe s. av. notre ère. (voir l'article paru dans BBC News le 19 janvier 2010 ; l'article d'Andrew Bossone dans National Geographic du 21 janvier 2010, avec des photos en particulier des sculptures exhumées)
Louqsor - Découverte de la tête d'une statue d'Amenhotep III : On a beaucoup parlé également de la découverte de cette superbe tête d'une statue d'Amenhotep III dans son temple funéraire de Kom el-Hettan : une tête en granit rouge, haute de 2,50m et portant des traces de peinture. D'une grande qualité, elle appartenait à une représentation osiriaque du souverain. Le temple fait l'objet de fouilles systématiques depuis plusieurs années déjà et a livré de nombreux vestiges permettant de mieux connaître cet édifice dont l'élément majeur fut longtemps composé des deux sculptures monumentales connues sous le nom de " Colosses de Memnon ". (voir entre autres : la dépêche AFP publiée dans France24 le 28 février 2010 ; le court article de Reuters du 28 février 2010, avec 2 photos dont une de la tête en cours de dégagement ; l'article de Nevine el-Aref dans al-Ahram Weekly n°988, 4-10 mars 2010).
Saqqarah - Fouille de la chambre funéraire de la reine Behenu : C'est cette fois dans le complexe funéraire de Pepi Ier qu'a été découverte par une équipe française la chambre funéraire de la reine Behenu, dont on a également largement parlé; cette chambre de 10m sur 4,90m est très endommagée. Elle a néanmoins livré deux parois sur lesquelles sont inscrits les Textes des Pyramides, selon la tradition de l'Ancien Empire, ainsi que le sarcophage de granit de la reine. On ignore si Behenu était l'épouse de Pepi I ou de Pepi II. Depuis le début des recherches dans ce secteur, ce sont pas moins de sept pyramides secondaires de reines qui ont été découvertes. (voir entre autres : l'article de Marwa Awad dans Reuters, du 3 mars 2010 ; article de Rossella Lorenzi dans Discovery News du 3 mars 2010, avec des photos de la pyramide, des inscriptions et du sarcophage).
Dans de prochains articles, nous reviendrons plus en détail sur des découvertes très intéressantes qui méritent qu'on leur consacre un peu plus que quelques lignes :
- la découverte à Dangeil, au Soudan, d'une statue colossale du pharaon Taharqa (XXVe Dynastie), en janvier dernier ;
- les nouvelles fouilles du port de Wadi Gamasis, sur les rives de la mer Rouge, par une équipe italo-américaine, en janvier dernier ;
- l'avancée des travaux controversés de l'allée des sphinx de Louqsor ;
- et bien entendu les résultats des recherches et les tests ADN sur la momie de Toutankhamon et de la famille amarnienne.
Les autorités égyptiennes annoncent un renforcement des mesures contre les trafiquants d'antiquités : le Parlement égytien a adopté en février dernier un amendement sur la loi concernant les antiquités égyptiennes, renforçant les sanctions contre le pillage et le trafic ; les peines de prison pour trafic d'antiquités ont été portées à 15 ans d'emprisonnement, assortis d'une amende d'un million de LE (env. 134 850 euros). L'une des mesures de cet amendement prévoit aussi que les Egyptiens possédant des antiquités les déclarent dans un délai de six mois au Conseil Suprême des Antiquités, ceci afin de faciliter les contrôles. En effet, la loi interdit tout commerce des antiquités, tout en reconnaissant le droit de certaines personnes à en posséder à la condition de ne pas les céder à autrui, ni de les endommager ou de les négliger ; la loi a également été clarifiée concernant les héritages, et les propriétaires égyptiens ne pourront faire don des objets qu'ils possèdent qu'après autorisation du Conseil Suprême des Antiquités.
Cet amendement est intervenu à l'issue de débats houleux, après que le magnat de l'acier Ahmed Ezz ait proposé d'autoriser en Egypte la vente de certains objets archéologiques, ce à quoi le ministre de la Culture Faruq Hosni et le Dr. Zahy Hawass avaient répliqué en menaçant de démissionner si le Parlement acceptait la demande de l'industriel. Fort heureusement, l'interdiction totale de vente des antiquités égyptiennes prévue à l'article 8 est maintenue. (source AFP)
Au chapitre des restitutions d'antiquités égyptiennes, c'est un sarcophage orné de la XXIe Dynastie dont les Etats-Unis ont annoncé le mois dernier la restitution. Ce sarcophage avait été saisi à un marchand d'art espagnol par les douanes américaines à l'aéroport de Miami, en Floride, en 2008 ; il avait été sorti illégalement d'Egypte après 1970, d'après les recherches qui ont pu être menées à son sujet. Il a été restitué à Washington dans les locaux de la National Geographic Society, lors d'une cérémonie officielle, le 10 mars dernier et sera exposé au Caire en avril prochain. (source AFP)
La portion de naos d'Amenemhat I remise en place à Karnak : en octobre 2009, un fragment du naos de granit rouge, provenant de sa base, avait été offert à l'Egypte par le Metropolitan Museum de New York, qui l'avait spécialement acquis à cette intention d'un collectionneur privé ; c'était la première fois qu'un musée étranger faisait une telle démarche. Le reste du naos se trouvait dans le temple de Ptah à Karnak, ayant dû être déplacé au Nouvel Empire. En février dernier, ce fragment de retour en Egypte a ainsi pu être réinstallé à son emplacement, avec le reste du naos, dans le temple de Ptah du complexe de Karnak. (article de Nevine El-Aref, in in al-Ahram Weekly n° 985, 11 - 17 Février 2010)