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10 juillet 2014 4 10 /07 /juillet /2014 12:23

Après avoir brossé l' histoire générale de ce monument, il est temps d'évoquer ce qu'on peut y voir. Nous commencerons par l'église.

 


 

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Localisation de l'église à l'intérieur du monastère.   

 


 

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    Vestiges de l'église du monastère St-Siméon : au centre, le sanctuaire précédé de son khurus ; sur les côtés, le prolongement des collatéraux voûtés en plein cintre. 

 

 

C'est sur la terrasse inférieure  que se trouvent les grottes dans lesquelles vécurent les premiers moines, l'église et le dortoir pour les pélerins. La porte d'entrée de cette terrasse s'ouvre par une tour en saillie sur le mur oriental de l'enceinte ; l'entrée se fait sur le côté sud de la tour, en chicane, en passant sous une voûte en plein cintre.

 

 

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Plan de l'église. 

 


L'église fut construite au Xe - XIe s. et il n'en subsiste que des ruines, toutefois superbes. Elle correspond au type d'église oblongue à coupole, qui s'élabore en Egypte à l'époque fâtimide (milieu Xe - fin XIe s.). L'édifice est orienté, c'est-à-dire que le chevet se trouve à l'est, donc face à l'entrée de la terrasse ; à l'ouest, l'église s'appuie contre le ressaut naturel séparant les deux terrasses. L'église est formée d'une large nef centrale flanquée de deux nefs latérales plus étroites, selon le plan basilical issu de l'Antiquité tardive repris en Egypte à partir du VIe s. Deux grandes coupoles1 venaient couvrir les deux travées de la nef centrale, reposant sur une série de piliers ; cette couverture de la nef centrale par des coupoles est caractéristique de la Haute-Egypte à partir des Xe-XIe s. Elément inhabituel du plan, les nefs latérales se terminent à l'est par une pièce qui longe le sanctuaire ; celle qui se trouve à l'extrémité du collatéral2 sud servait de baptistère. Autre trait inhabituel, le sanctuaire avait à l'origine une entrée du côté est, condamnée par la suite. L'entrée ne pouvant se faire, selon la tradition, du côté ouest, deux entrées sont pratiquées dans les nefs latérales, au nord et au sud. Une grotte se trouve à l'extrémité ouest du collatéral nord, creusée dans la paroi séparant les terrasses ; il s'agit d'une ancienne tombe antique réutilisée comme habitat par les premiers moines ; elle passe pour avoir servi d'abri à Anba Hatre lui-même. Le sanctuaire3 offre un plan original : l'abside centrale est précédée d'un khurus (choeur), aménagement caractéristique de l'architecture copte séparant le sanctuaire de la partie réservée aux fidèles ; le khurus est ici constitué par une travée4 couverte d'un dôme ouvrant sur deux absides latérales nord et sud, formant avec le sanctuaire un plan cruciforme ; ces trois parties sont à l'intérieur aménagées en cul-de-four5, dessinant un sanctuaire tréflé. Cette forme tréflée, ou triconque, est apparue au VIe s. et vient de Moyenne-Egypte.

 

 

 

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    La fresque du Christ en majesté. 

 

 

Des peintures murales étaient conservées dans les ruines de cette église. Hélas, elles ont aujourd'hui beaucoup souffert ou même été détruites. Elles dateraient pour l'essentiel du XIe ou XIIe s. On a également repéré, en particulier dans la grande abside, des vestiges de peintures plus anciennes sous les enduits peints actuellement visibles. L'une des peintures les mieux conservées représente le Christ en Majesté6, trônant dans une mandorle7, entre la lune et le soleil, selon l'iconographie traditionnelle ; sa main droite sort du cadre de la mandorle pour effectuer le geste de bénédiction. De chaque côté se tiennent deux grands anges, et, à droite, un orant8 au nimbe carré9.

 

 

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    Détail du plafond de la grotte. 

 

La grotte nord-ouest est également ornée de peintures, qui pourraient remonter au VIe ou VIIe s. A l'origine, les parois latérales étaient peintes de 36 personnages disposés en un seul registre ; ils ont quasiment disparu. Par contre, le plafond conserve un superbe décor de figures géométriques polychromes entre lesquelles apparaissent, dans de petits cadres octogonaux, des personnages en buste.

 

 

Bandeau de croix coptes

 

 

 

Notes explicatives :


1- Il est important de faire la différence entre dôme et coupole : le dôme est la partie extérieure à l'édifice, la coupole la partie intérieure. Un même élément architectural avec deux noms différents selon si on considère sa partie extérieure ou intérieure, en somme.

2- Collatéral : synonyme de nef latérale en architecture religieuse.

3- Sanctuaire : dans une église, on appelle sanctuaire la partie la plus sacrée, celle où est célébrée le culte. Elle correspond en général au choeur et à ses dépendances. Même distinction dans les temples antiques, d'ailleurs, qu'ils soient égyptiens, grecs ou romains : le sanctuaire ("naos" en grec, "adyton" dans les temples gréco-romains d'Orient, "cella" en latin) est la partie où se trouve la statue du dieu, où son culte est célébré par les prêtres hors du regard des fidèles. Dans l'architecture copte, le khurus, qu'on traduit souvent par "choeur", vient s'intercaler entre la nef, réservée aux fidèles, et le sanctuaire proprement dit, en général l'abside centrale, dans lequel le culte est célébré ; en effet, selon la tradition des églises orientales, la célébration du culte est en grande partie cachée aux fidèles, conformément à l'héritage antique.

4- Travée : en architecture religieuse, chaque portion d'une voûte comprise entre deux arcs.

5- Cul-de-four : forme de voûtement correspondant à une demie coupole en plein cintre, comme les anciens fours à pain.

6- En majesté (Christ ou Vierge - ) : motif traditionnel de l'iconographie chrétienne représentant le Christ ou la Vierge assis sur un trône, comme un souverain, avec un certain nombre d'attributs.

7- Mandorle : cadre en forme d'amande. Elle sert à distinguer les personnages les plus saints "en majesté" , comme le Christ ou la Vierge.

8- Orant : personnage en prière. Dans l'iconographie paléochrétienne et orientale, l'orant est représenté debout les deux mains levées, alors que l'iconographie occidentale médiévale  adoptera le motif de l'orant agenouillé les mains jointes. 

9- Nimbe carré : le nimbe est aussi appelé "auréole" et indique un saint. Le nimbe circulaire est réservé aux personnages saints morts, se trouvant au Paradis, alors que le nimbe carré distingue un saint encore vivant. Ce motif est surtout utilisé en contexte byzantin et oriental.

 

Photos Touregypt .

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  • : Horizons d'Aton - Beyt Kaaper
  • : Une demeure perdue quelque part entre rêve et réalité, dans les sables du désert égyptien ou sur les flots de la Méditerranée. Tournée vers l'horizon, les horizons divers... Les horizons de l'Est et de l'Ouest, comme disaient les anciens Egyptiens... Une demeure un peu folle, pour abriter des rêves un peu fous, des passions, des émotions, des coups de coeur...
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