Autre temps fort du séjour en Egypte : la découverte d'Aswan. Avec Le Caire, j'avais découvert la grande ville d'Orient dont je rêvais, dans un jeu de séduction comme seule cette région du monde sait en réserver. Mais avec Aswan, c'est un brutal coup de foudre...
Après la troublante traversée du désert en convoi, arrivée sur ce site extraordinaire où se niche la ville nubienne - je serais tenté de dire : la perle nubienne. Le paysage est grandiose, sublime, avec des contrastes de couleurs que les mots peuvent difficilement décrire : des sables que le soleil fait changer de couleur au fil des heures, des roches aux tons dégradés, le bleu pâle du ciel et le bleu intense du fleuve, les verts de la végétation accrochée aux rives du Nil ou s'épanouissant sur les îles, les granites qui formaient autrefois la cataracte et dont les contours étranges ont donné son nom à l'île Eléphantine, les voiles blanches des felouques, les façades colorées des maisons nubiennes... Vous avez en tête les photos d'Aswan prises par des photographes de talent ? Eh bien c'est 1000 fois plus beau encore !
La partie de l'hôtel dans laquelle nous sommes logés ; nous allons y découvrir une vue magnifique...
Vue sur la rive ouest du Nil par le balcon de ma chambre, tandis que le soir tombe - il tombe très vite, un flamboyement formidable, puis l'obscurité...
...au loin, surplombant la rive occidentale du haut de son promontoire, le mausolée de l'Aga Khan, toujours le premier soir depuis le balcon de ma chambre.
Nous étions logés dans un hôtel qui avait le charme d'être sur une île et qu'il fallait rejoindre par une navette fluviale ; de petits bâtiments répartis dans un vaste jardin, chaque chambre disposant d'un balcon ; et, du balcon de ma chambre, je pouvais voir au-delà des jardins les hauteurs de la rive ouest et, au loin, la coupole majestueuse du tombeau de l'Aga Khan. Rien ne fut aussi excellent que de fumer tranquillement une cigarette, assis sur cette terrasse à contempler le soleil couchant. J'ai peu dormi cette nuit-là, absorbé que j'étais par la magie du lieu. C'est un lieu unique, un endroit comme on en rêve pour venir couler des jours paisibles, en toute sérénité ; un de ces lieux où on prend toute la mesure du mot "éternité". Je me suis même fait la réflexion que ce serait un endroit où se retirer un jour, pour quelque temps ou pour toujours. Un des plus beaux endroits que je connaisse, qui inspire la paix de l'âme et la contemplation.
Pas étonnant qu'à quelque distance de là, dans les sables de la rive ouest, les moines coptes aient installé le fabuleux monastère St Siméon ; on comprend dans des endroits comme celui-ci pourquoi le monachisme est né en Egypte ; j'aime la beauté sauvage des paysages dans lesquels se nichent nos monastères provençaux, comme Le Thoronet ou les chartreuses de Montrieux et de La Verne... Mais leurs déserts, si chers soient-ils à mon coeur de Varois, ont moins de majesté que celui d'Aswan...
La ville elle-même, je ne fais que l'effleurer, faute de temps ; j'aimerais avoir un jour, qui sait, le temps de la découvrir. Je n'en connais guère que la corniche longeant le Nil et les quelques rues menant au soukh. C'est au soukh d'Aswan, selon moi l'un des plus charmants d'Egypte, que je me lance dans mes premiers achats seul...
Extraordinaire coucher de soleil, ici en quittant Aswan...