La fin du voyage est à présent arrivée... Le dernier soir, nous prenons le temps de nous imprégner une dernière fois de l'atmosphère de Louqsor, buvons un verre sur les quais et allons faire une dernière promenade dans le soukh. Comme chaque aventure qui se termine, c'est toujours un peu triste ; déjà un parfum de mélancolie. Mais en même temps j'ai le sentiment étrange que la rencontre n'en restera pas là, que ce n'est qu'un au revoir. Dès le séjour au Caire, il m'était devenu évident qu'un jour, inch Allah comme me l'ont dit mes amis égyptiens, je reviendrai sur la terre d'Egypte. La plupart de mes compagnons de voyage, quant à eux, sont déjà passés à autre chose et parlent de leur prochaine destination. Je discute, mais à vrai dire mon esprit est ailleurs...
Le lendemain, les adieux émouvants sur le bateau au personnel avec lequel nous avions sympathisé, puis à nos accompagnateurs à l'aéroport de Louqsor. Je mets un point d'honneur à les remercier en arabe égyptien, même si je le maîtrise encore mal...
Dans les quelques boutiques de l'aéroport, je fais les réserves de tabac, égyptien bien sûr, et je trouve un CD de Mostafa Amar pour dépenser mes dernières livres ; il se révèlera au retour excellent. Je pense toujours à ce moment en l'écoutant. Nous buvons un verre pour tromper l'attente et que je puisse fumer une dernière cigarette avant le départ ; cigarette que je garde à la main pour aller chercher ma mère qui traîne, bien sûr, dans les boutiques... Un policier égyptien me fait signe avec un sourire, je me demande ce qu'il veut et je réalise que je suis sorti du périmètre fumeur du bar avec ma cigarette ; bon, ça va, c'est un policier gentil (je dis ça, parce que certains policiers égyptiens sont vraiment impressionnants...) au sourire aimable, ce sourire égyptien qui, comme je l'ai déjà dit je crois, est à lui seul une grande leçon... Je file au bar en répondant à son sourire avec un air amusé.
L'embarquement. Comme dans un rêve. La tête encore remplie des merveilles rencontrées, on ne réalise pas vraiment. Petit incident lors du contrôle avec un livre que j'ai acheté au Musée Egyptien du Caire et qui forme une masse sombre dans ma valise ; le douanier veut me la faire ouvrir, mais elle est fermée à clef et, bien entendu, c'est ma mère, qui est déjà de l'autre côté, qui a la fameuse clef. Le douanier se montre compréhensif et me laisse finalement passer... J'en suis quitte pour une dernière boulette avant de partir.
L'avion décolle, survole la vallée du Nil en nous offrant de dernières images magiques. En-dessous de nous Louqsor, la nécropole thébaine, et ce Nil majestueux qui serpente dans le désert... Je ne me souviens pas, à vrai dire, de l'arrivée à Marseille... Il me faut un bon mois pour revenir totalement à la réalité de mon quotidien après un tel voyage en Egypte. Tout va si vite dans un séjour si court et les moments sont si intenses qu'il faut le temps, ensuite de les digérer ; et puis un jour, tout à coup, on se dit : mais je n'ai pas rêvé, j'y étais !
Je ne remercierai jamais assez mes parents pour ce voyage, ils m'ont fait là un cadeau immense : alf shokr ! On disait autrefois que celui qui buvait l'eau du Nil était assuré de revenir un jour en Egypte. Aujourd'hui, la chose serait risquée, même si on doit bien en boire un peu d'eau du Nil ; mais en tout cas le charme opère quand même. Un jour prochain, inch Allah...
Comme je veux terminer sur une note joyeuse de cette Egypte que j'aime, voici pour finir une chanson du fameux album de Mostafa Amar acheté à l'aéroport de Louqsor, " Rouhi feek " :