Le jour où nous sommes allés voir les pyramides de Gizeh, en janvier 2004, il faisait gris et relativement froid ; il est même tombé quelques gouttes, car il peut aussi pleuvoir en Egypte. De ce fait, la rencontre fut bien éloignée des clichés habituels, et je ne le regrette malgré tout pas : c'est une autre vision.
Ce qu'on ne voit que rarement sur les photos du site, c'est que la ville de Gizeh arrive pratiquement au pied des pyramides. On pourrait habituellement penser qu'elles sont en plein désert, vu l'angle sous lequel sont prises nombre de photos, et ce n'est pas le cas. Le convoi contourne les pyramides, on s'attend à la grande émotion, cette rencontre dont on a toujours rêvé depuis l'enfance... Et là, dès qu'on descend du bus, un mélange de petite déception et d'exaltation. D'exaltation, parce qu'on est quand même au pied de monuments exceptionnels. De petite déception, parce que cela est un peu éloigné de ce qu'on avait pu imaginer. Entre autres éléments perturbateurs, en dehors de l'inévitable foule de touristes, le discutable musée de la Barque, au pied de la Grande Pyramide ; une masse de béton posée là, qui à mon sens heurte le regard - avis très sujectif, bien sûr. Et puis cette grande structure métallique plantée à l'arrière...
Mais la légère déception ne dure pas et la magie opère. Elles sont là, fières et majestueuses malgré le temps maussade. Il est difficile de décrire préciément ce que l'on ressent en les contemplant de si près après les avoir vues dans les livres ou à la télévision. Je réalise enfin la chance que j'ai d'être là, je n'aurais jamais cru y venir un jour. L'émotion est au rendez-vous...
Je m'éloigne vite du groupe, je veux goûter un moment privilégié de rencontre avec mes rêves d'enfant. Mon attention se porte sur la plus petite des pyramides, celle de Mykérinos. Les blocs de parement qui subsistent à la base sont impressionants ; on imagine ce que devait être l'édifice au temps de sa splendeur. Un regard attentif permet même de distinguer une inscription. Je me promène parmi les ruines du temple funéraire, tandis que les policiers égyptiens chassent sans ménagements les chameliers qui font quelques affaires avec les touristes. Cela me surprend...
Je sers de guide à mes parents, et un couple d'amis s'est joint à nous. Nous nous dirigeons à présent vers la pyramide de Kheops, splendide, majestueuse, on ne trouve pas de qualicatif assez fort qui lui convienne. Tandis que le groupe fait la queue à l'entrée du musée de la Barque, visite à laquelle nous renonçons pour gagner du temps, ou que quelques courageux choisissent d'entrer dans la pyramide ( claustrophobe patenté, je sais que l'aventure n'est pas pour moi ! ), nous préférons aller voir la fosse dans laquelle a été découverte la Barque, au pied de la pyramide, sur une vaste esplanade, et nous approcher des petites pyramides satellites.
Un Egyptien nous interpelle en anglais et me propose de descendre dans l'une d'elles, me disant qu'il y a en bas, au bout d'un long couloir qui s'enfonce en une pente abrupte, une salle avec un sarcophage ; je refuse poliment, lui expliquant tant bien que mal que je suis claustrophobe et que l'idée de me glisser dans ce couloir étroit me terrifie. Nous visitons de façon impromptue un mastaba, celui de Qar. Nous descendons dans le tombeau, qui est magnifique, avec ses parois gravées de hiéroglyphes et ses sculptures. Mais malheureusement il est déjà l'heure de rejoindre notre groupe...