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31 juillet 2014 4 31 /07 /juillet /2014 07:00

champollion.jpg

 

Voici un texte intéressant et qui évoque la fascination que ressent le voyageur arrivant au Caire. Il s'agit d'un extrait d'une lettre écrite au Caire en 1828 et publiée dans un ouvrage par sa fille, Zoraïde Chéronnet-Champollion. C'est en effet en 1828 que Champollion réalise un grand rêve : il part enfin en Egypte pour une mission scientifique !

 

 

 

 

 


 

" Le Caire, 27 septembre 1828

(...)

On a dit beaucoup de mal du Caire : pour moi, je m’y trouve fort bien ; et ces rues de 8 à 10 pieds de largeur, si décriées, me paraissent parfaitement bien calculées pour éviter la trop grande chaleur. Sans être pavées, elles sont d’une propreté fort remarquable. Le Caire est une ville tout à fait monumentale ; la plus grande partie des maisons est en pierre, et à chaque instant on y remarque des portes sculptées dans le goût arabe ; une multitude de mosquées, plus élégantes les unes que les autres, couvertes d’arabesques du meilleur goût, et ornées de minarets admirables de richesse et de grâce, donnent à cette capitale un aspect imposant et très-varié. Je l’ai parcourue dans tous les sens, et je découvre chaque jour de nouveaux édifices que je n’avais pas encore soupçonnés. Grâces à la dynastie des Thouloumides, aux califes Fathimites, aux sultans Ayoubites et aux mamelouks Baharites, le Caire est encore une ville des Mille et une Nuits, quoique la barbarie ait détruit ou laissé détruire en très-grande partie les délicieux produits des arts et de la civilisation arabes. J’ai fait mes premières dévotions dans la mosquée de Thouloum, édifice du IXe siècle, modèle d’élégance et de grandeur, que je ne puis assez admirer, quoique à moitié ruiné. Pendant que j’en considérais la porte, un vieux cheïk me fit proposer d’entrer dans la mosquée : j’acceptai avec empressement, et, franchissant lestement la première porte, on m’arrêta tout court à la seconde : il fallait entrer dans le lieu saint sans chaussure ; j’avais des bottes, mais j’étais sans bas ; la difficulté était pressante. Je quitte mes bottes, j’emprunte un mouchoir à mon janissaire pour envelopper mon pied droit, un autre mouchoir à mon domestique nubien Mohammed, pour mon pied gauche, et me voilà sur le parquet en marbre de l’enceinte sacrée ; c’est sans contredit le plus beau monument arabe qui reste en Égypte. La délicatesse des sculptures est incroyable, et cette suite de portiques en arcades est d’un effet charmant. Je ne parlerai ici ni des autres mosquées, ni des tombeaux des califes et des sultans mamelouks, qui forment autour du Caire une seconde ville plus magnifique encore que la première ; cela me mènerait trop loin, et c’en est assez de la vieille Égypte, sans m’occuper de la nouvelle.

(...) "

 

 

in Lettres écrites d'Egypte et de Nubie en 1828 et 1829 par Champollion le Jeune, nouvelle édition, éditions Didier, Paris, 1868.

 

 

 

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Détail de la mosquée Ibn Touloun qu'évoque Champollion.

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