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12 novembre 2009 4 12 /11 /novembre /2009 08:00

Nos horizons de l'Egypte antique rejoignent avec cet article ceux qui nous font parcourir la musique. Comme l'ont fait remarquer de nombreux auteurs, la musique a toujours tenu une grande place en Egypte, à toutes les époques.


Vue latérale d'ensemble du temple d'Hathor à Philae depuis le Kiosque de Trajan.


Le petit temple d'Hathor du complexe de Philae se trouve à l'est du grand temple d'Isis, au niveau du 2e pylône, et au nord du kiosque de Trajan. Il a été construit par Ptolémée VI Philometor au IIe s. av. JC ; puis Ptolémée VIII Evergete et l'empereur romain Auguste y feront ajouter des reliefs. En général, le visiteur ne prête guère d'attention aux vestiges de ce modeste édifice, et pourtant il présente des éléments très intéressants.

Une remarque rapide pour expliquer en partie la présence ici de ce sanctuaire. Il ne faut pas s'étonner de voir cohabiter dans ce complexe les deux déesses : Hathor et Isis finiront même, en vertu de la tendance syncrétiste de la religion égyptienne, par prendre le même aspect iconographique - à tel point qu'il faut parfois se référer au contexte ou aux inscriptions pour savoir de laquelle des deux il s'agit. Tout comme on trouve à Philae, principal lieu de culte d'Isis, un petit temple d'Hathor, on trouve à Denderah, principal lieu de culte d'Hathor, un petit temple d'Isis.



 


Mais ce qui retiendra aujourd'hui notre attention dans ce petit sanctuaire, ce seront les représentations de musiciens et d'instruments de musique. Ils se trouvent sur les colonnes engagées situées dans la partie ouest du temple, à l'intérieur. Bien que d'époque tardive, ce sont encore ceux que l'on rencontre aux époques plus anciennes et, comme nous aurons bientôt l'occasion de le voir lorsque nous parlerons des instruments de musique égyptiens modernes, certains sont les ancêtres d'instruments encore utilisés de nos jours en Egypte. Parmi ses attributions, Hathor est la déesse de la musique et de la danse ; il est donc naturel qu'on trouve de telles représentations dans un sanctuaire qui lui est dédié.

 


Babouin jouant d'un instrument à cordes à long manche, ancêtre du 3ood et donc du luth. On a retrouvé des exemplaires antiques de ce type d'instrument, comme un splendide luth de la XVIIIe Dynastie conservé au Musée Egyptien du Caire très ressemblant à celui-ci, ou encore un autre se trouvant au Louvre à Paris. Le babouin est un animal associé traditionnellement  au dieu Thot ; selon une légende, Thot aurait enivré Hathor, qui s'était retirée en Nubie, pour l'amener auprès de Rê et un cortège joyeux se serait ainsi mis en route. C'est sans doute à cet épisode que le choix du babouin fait allusion. L'instrument à cordes pincées fait beaucoup penser au tambûr arabo-persan, peut-être d'origine mésopotamienne, qui s'est de là répandu sous des variantes diverses des Balkans jusqu'à l'Inde et la Chine.



Sur un autre fût de colonne, c'est le dieu Bès dansant et jouant de la harpe ; vous remarquerez qu'il s'agit d'une harpe rudimentaire et que le dieu tient en même temps, au-dessus, la massue qui fait partie de ses attributs à cette époque. Bès est étroitement associé à Hathor, avec laquelle il a des attributions communes liées à la fécondité et la protection des naissances ( d'où leur présence dans les mammisi ), mais aussi comme ici en tant que dieu de la musique et de la danse. Selon une tradition, Bès aurait également fait partie du joyeux cortège d'Hathor rejoignant Rê après l'intervention de Thot.



Sur une autre colonne, nous retrouvons Bès jouant du tambourin, instrument dont plusieurs exemplaires antiques sont également conservés dans divers musées. Hathor elle-même est représentée jouant du tambourin à l'intérieur du temple d'Isis de Philae. Il existe également des statuettes de Bès au tambourin. Fait inhabituel dans son iconographie, le dieu est ici représenté de profil, alors qu'en principe il est toujours figuré de face. Ce tambourin est l'ancêtre du târ et du reqq.



Ici, un prêtre jouant de la flûte double. Cet instrument, dont existent également des exemplaires antiques, était courant dans les civilisations antiques orientales et méditerranéennes (on en voit représentés chez les Grecs, les Etrusques ou les Romains). En Egypte même, il existe encore deux instruments de ce type, la zommârah et l'arghûl.


Enfin, un prêtre jouant de la lyre, d'un grand format. Ce type d'instrument a été introduit d'Asie sous le Moyen Empire, mais s'est surtout généralisé sous le Nouvel Empire. Malgré l'endommagement du relief au niveau de la caisse, on distingue bien qu'il s'agit d'une grande lyre à 18 cordes, qui se jouait debout, et non d'une harpe comme on peut le lire parfois.


Il est troublant de voir déjà réunis, dès l'Antiquité, des instruments qui forment aujourd'hui encore la base incontournable des ensembles de musique traditionnelle égyptienne : un à deux instruments à cordes ( le qânoon ayant remplacé la harpe ou la lyre ), un instrument à vent et des percussions ( le tambourin, de dimensions variables, étant plus fréquent dans la musique "savante" que la darabokkeh )... 

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commentaires

G
<br /> A travers votre article , je découvre les instruments de l'égypte antique et si on y regarde bien , on retrouve dans les instruments occitans , le tambourin , la harpe etc , preuve que la musique a<br /> voyagé autour de la méditérrannée! bonne soirée<br /> <br /> <br />
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  • : Horizons d'Aton - Beyt Kaaper
  • : Une demeure perdue quelque part entre rêve et réalité, dans les sables du désert égyptien ou sur les flots de la Méditerranée. Tournée vers l'horizon, les horizons divers... Les horizons de l'Est et de l'Ouest, comme disaient les anciens Egyptiens... Une demeure un peu folle, pour abriter des rêves un peu fous, des passions, des émotions, des coups de coeur...
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