En arabe dialectal égyptien, on préfère pour exprimer une action qui est en train de se faire, immédiate, utiliser ce qu'on appelle le participe actif plutôt que le présent ; ce participe actif est formé sur le participe présent et fonctionne plus simplement qu'un verbe conjugué, avec 3 formes : masculin, féminin, pluriel.
Pour dire « j'attends », l'égyptien cependant utilise une forme un peu particulière :
mestanni
plutôt que bastanna ( présent, 1e personne singulier ) qui sera réservé à une action s'inscrivant plus dans la durée.
Mestanni est formé sur le verbe estanna ( attendre ), auquel on ajoute le préfixe d'action m(o)-* et le suffixe -ni correspondant au pronom suffixe singulier de la première personne ( moi, me, je ) quand il suit un verbe.
On peut y ajouter les pronoms suffixes de personnes :
ex. mestanneek < mestanni + -ak** = je t'attends ( à un homme )
mestanniku < mestanni + -ku = je vous attends ( 2e pers. pluriel )
etc.
Si on résume :
mestanni = j'attends, dans le sens de " je suis en train d'attendre " .
bastanna = j'attends, de façon moins immédiate, dans la durée.
Pour illustrer cette petite leçon, une chanson de Natasha Atlas justement intitulée " Mistanneek ".
* le -o bref tombe, puisque le verbe commence par une voyelle. On rencontre ce préfixe dans de nombreux mots, car il permet de former un nom à partir d'un verbe ou d'un autre nom ; par exemple : nâ'esh ( discuter ) > mona'(a)sha ( discussion ) ; niqab (niqab, voile de visage) > monaqaba (qui porte le niqab).
** selon des règles de phonétique, -i + -a donnant un -i long.