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Une demeure perdue quelque part entre rêve et réalité, dans les sables du désert égyptien ou sur les flots de la Méditerranée. Tournée vers l'horizon, les horizons divers... Les horizons de l'Est et de l'Ouest, comme disaient les anciens Egyptiens... Une demeure un peu folle, pour abriter des rêves un peu fous, des passions, des émotions, des coups de coeur...

Quelques vers de Claude Brueys, poète marseillais

"Pregaren Diou, nouestre bon paire,

Que, per sa graci, vueille faire

Vous preservar de mau su mau,

De mourduro de chivau,

De caussigaduro de niero

Et deys favours de la Ribiero."

 

(Claude BRUEYS, poète marseillais)

(fin XVIe - début XVIIe s. )

 (Traduction : "Prions Dieu, notre bon père, / De vouloir bien, par sa grâce, / Vous préserver de tous les maux, / Des morsures de chevaux, / Des piqûres de puces / Et des faveurs de la Ribière." )

 

Voici, avec ces quelques vers de Brueys, un bon exemple de l'humour provençal, lequel d'ailleurs perd beaucoup en saveur à la traduction, puisque certains aspects imagés ne peuvent être rendus en français. "La ribiero", en provençal, signifie "la rivière" ; mais ici, il s'agit d'un jeu de mots : Brueys fait référence à une demoiselle Ribier (l'usage provençal veut qu'on féminise les noms propres pour les femmes : ainsi, le nom de famille Ribier, pour une femme,  devient "Ribière" ), qui fut au début du XVIIe s. une célèbre libertine marseillaise. Or il semble que la demoiselle, qui était dit-on fort belle, transmettait à ses amants quelque maladie "honteuse"... d'où le trait d'humour de Brueys !


 

Un petit mot sur la langue de ces vers. Il s'agit de vers en dialecte marseillais du début du XVIIe s. Il surprendra sûrement les Provençaux d'aujourd'hui, car il diffère de ce qu'est devenue la langue après la réforme des Félibres. On remarque en particulier la vieille terminaison des verbes à l'infinitif en -ar, héritée du latin -are, ainsi que la présence du -s au pluriel, qui se prononçait (en provençal, toutes les lettres se prononcent)  ; en provençal moderne, le -r de l'infinitif a disparu ( "preservar" est devenu "preserva" ), ainsi que le -s au pluriel ( "deys favours" est devenu "dei favour" ).

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