Provence
Mon coeur, éperduement, a soif de soleil. Provence, ma terre sauvage, mon lien, mon doux mirage, tu m'as offert l'ailleurs dès que j'ouvris les yeux. Sur le saphir rebelle des étendues immenses ont voyagé mes rêves. Provence, ma douce mère, mon coeur a soif de soleil.
Mon âme, désespérément, se tord et se tend vers l'ailleurs. Ici est trop petit pour toutes les gloires que je tiens de ma terre. Provence, noble et fière, tes parfums entêtants ont éveillé en moi une nostalgie d'Orient. Provence, ô douce mère, mon âme toute entière se tend vers l'ailleurs.
Mon être tout à coup de la terre et du ciel mêlés en tes flots se découvre orphelin. De tes blancheurs farouches dans leur écrin salé, Provence, ô magicienne, je me languis sans fin. Grand, si grand est l'appel de tes bras de calcaire orgueilleux et de tes eaux limpides. Provence, ô ma douce mère, mon être tout à coup se découvre orphelin.
Dans les froideurs du nord, sous des cieux trop lisses, je me suis exilé. Dans cette fange hurlante mon âme s'engloutit. Puissent mes larmes, ô douce mère, former des fleuves puissants comme les tiens pour rejoindre les rivages aimés où tes beautés timides s'endorment tendrement, quand le soleil couchant embrase les flots tranquilles et le ciel infini...
Reprise d'un texte de 1993, durant mon "exil parisien"...