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11 février 2008 1 11 /02 /février /2008 15:06

diocletien.gif

L'empereur Dioclétien, auguste d'Orient.



Au début du IVe s. après JC, l'empereur Dioclétien (empereur 284-305), auguste d'Orient, installe une garnison romaine à Louqsor pour assurer la sécurité de la Haute-Egypte. Celle-ci établit une forteresse 1 qui englobe et réutilise l'ancien temple. Dans l'une des salles hypostyles du sanctuaire datant du règne d'Amenhotep III, les Romains aménagent alors une chapelle du culte impérial dont les vestiges ont récemment fait l'objet d'une restauration.  L'une des étapes de l'histoire du temple est ainsi sauvegardée, et le visiteur peut désormais appréhender le site dans la totalité de son évolution, de l'époque "pharaonique" jusqu'à la période musulmane 2.



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Localisation de la chapelle romaine dans l'ensemble du temple de Louqsor : 1- Entrée principale actuelle ; 2- Vestiges de l'enceinte romaine ; 3- Pylône de Ramsès II ; 4- Mosquée Abu l-Haggag ; 5- Cour d'Amenhotep III ; 6- Première salle hypostyle du sanctuaire. Dans la vue de détail : a- Abside romaine ; b- Zone des fresques romaines les mieux conservées.



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L'abside de la chapelle romaine, flanquée de ses colonnes de granit.




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Les chapiteaux composites sont de style romain d'Egypte, qui mêlent la tradition romaine à celle de l'époque ptolémaïque : les acanthes romaines font place à des feuilles tout en rondeur.


La chapelle romaine s'installe dans la seconde salle hypostyle du sanctuaire, qui servait de vestibule au reposoir de la barque. La porte menant à l'origine à la salle réservée à celui-ci est alors fermée et remplacée par une grande abside en cul-de-four flanquée de deux colonnes de granit au fût monolithe et chapiteaux composites. Les murs ornés de reliefs de la XVIIIe Dynastie sont recouverts d'enduits et ornés de fresques représentant les souverains, leur cour et des scènes de victoire militaire. En effet, nous sommes alors à l'époque de ce qu'on appelle la tétrarchie : pour mieux assurer le contrôle et la sécurité de l'empire, Dioclétien partage le pouvoir entre deux augustes assistés de deux césars. Lui-même reçoit l'Orient, assisté son césar Galère, tandis que l'auguste Maximien Hercule, assisté du césar Constance Chlore, reçoit l'Occident. C'est ainsi que la fresque qui ornait autrefois la niche représentait les quatre souverains de l'empire. Dans la chapelle étaient conservés les "emblema ", ou étendards de la légion, d'où le nom de " chapelle des enseignes " qu'on lui donne souvent.



peint-rom-louqsor_1.jpg
La portion la mieux conservée des fresques romaines, dont la restauration révèle la qualité et les couleurs éclatantes.Selon la tradition de la peinture murale romaine, le décor était réparti en tableaux disposés sur plusieurs registres, au-dessus d'une base d'architecture en trompe-l'oeil.


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Une restitution du décor principal sur le panneau explicatif.


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Sir John Gardner Wilkinson en costume oriental ; il est considéré comme l'une des grandes figures fondatrices de l'égyptologie britannique et ses relevés des fresques de Louqsor sont précieux pour les restaurateurs d'aujourd'hui.
 


Les autorités égyptiennes et l'American Research Center in Egypt (ARCE) ont décidé de réaliser une opération de sauvetage sur les vestiges des fresques de cette chapelle romaine, qui avaient beaucoup souffert. On disposait de documentation grâce aux relevés effectués dans les années 1850 par le Britannique Sir John Gardner Wilkinson, qui en avait peint une série d'aquarelles alors qu'elles étaient en meilleur état. Ces restaurations ont été menées par des spécialistes italiens dans le cadre d'un projet dirigé par l'ARCE et l'Oriental Institute de l'Université de Chicago, avec un financement de l'USAgency for International Development.


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L'équipe de restauration au travail, en 2006. Ce sont des spécialistes italiens des enduits peints, venus de Rome, qui ont assuré le sauvetage des fresques.


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L'un des aspects particulièrement intéressants est que, durant les travaux, un panneau explicatif a été mis en place pour permettre aux visiteurs de comprendre le chantier.


Lors de mon dernier passage à Louqsor, en 2006, les travaux étaient toujours en cours. Ils sont à présent achevés, comme vous pourrez le voir dans les liens indiqués ci-dessous. La démarche est particulièrement intéressante, car elle permet d'embrasser l'histoire du site dans sa totalité, sans avoir à faire le choix de détruire les vestiges d'une époque au profit d'une autre.


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Un bandeau orné de motifs géométriques rappelant les placages de marbres polychromes (intarsia).



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Une portion bien conservée, avec à droite les personnages d'une grande qualité d'exécution qui assistent à une allocution de Dioclétien.

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L'abside romaine en cul-de-four...



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... dans laquelle on ne devine plus que quelques plis des vêtements des personnages qui l'ornaient au IVe s.


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Notes :

1- D'où le nom arabe de la ville, el-Uqsûr, pluriel de "qasr" signifiant "château-fort, palais fortifié ".
2- Avec la petite mosquée Abu l-Haggag, qui a été elle aussi préservée.


Liens :

- Vous trouverez des photos de l'état des fresques après restauration dans un article d'Anne-Marie, ainsi que dans un excellent article du blog Passion égyptienne.

-site de l'ARCE 

- Site de l'Oriental Institute de l'Université de Chicago.

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10 novembre 2007 6 10 /11 /novembre /2007 12:20

Neferhotep Ier est un roi égyptien de la XIIIe Dynastie, qui a régné durant la 2e Période Intermédiaire ; les dates de son règne sont très discutées par les spécialistes et varient de l'un à l'autre :  de 1741 à 1730  ou de 1696 à 1685 avant notre ère pour les plus fiables. On ne sait que fort peu de choses de sa vie, même s'il subsiste de nombreux vestiges1 datant de son règne. Il a fait reparler de lui ces dernières années, lorsqu'une statue à son effigie a été découverte dans le complexe de Karnak.




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La magnifique statue grandeur nature, en calcaire, découverte en 2005 à Karnak par les membres du Centre Franco-Egyptien d'Etude des Temples de Karnak ; elle se trouvait dans une cache sous les fondations de l'obélisque d'Hatshepsout. Une autre statue avait déjà été trouvée en 1904 et est conservée au musée du Caire.




Sa biographie connue se limite à peu de choses. Neferhotep Ier n'est apparemment pas d'origine royale2 et semble issu d'une famille de militaires et prêtres, puisque son grand-père, Nehy, était le commandant d'une garnison. Ses parents, Haankhef et Kemi, semblent originaires de Thèbes, où le roi est sans doute né lui-même ; Haankhef était pour sa part prêtre à Abydos. On ne sait pas comment Neferhotep Ier en vint à succéder à Sobekhotep III et parvint à accéder au trône. Il épouse une certaine Senebsen, qui est mentionnée dans un certain nombre d'inscriptions datant de son règne. Lequel dura 11 ans, ce qui est relativement long pour cette période particulièrement troublée. Ce règne est marqué par une reprise du contrôle du pays, depuis le Delta jusqu'à Aswan : Neferhotep Ier apparaît ainsi comme restaurateur de l'autorité royale, malgré des troubles locaux dont font état les textes. Il parvint  à maintenir une certaine stabilité, assez d'ailleurs pour que l'art se maintienne à un niveau de qualité. Autre élément marquant : son action en faveur du sanctuaire d'Abydos, ce qui s'explique sans doute par le fait que son père y était lié, peut-être aussi par le rôle joué par celui-ci dans son accession au trône. On ignore dans quelles circonstances il est mort, et sa sépulture n'a pas été retrouvée3. C'est son frère qui lui succède sous le nom de Sobekhotep IV4.




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Stèle de Neferhotep Ier provenant de l'île Elephantine, à Aswan ( calcaire, 35 x 22 cm), retrouvée en 1995 ; elle avait été utilisée en remploi dans une maison.




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Un scarabée au nom de Neferhotep Ier du Petrie Museum.




Titulature :

Nom d'Horus : Gereg-Tawy
Nom de Nebty : Wepmaat
Nom d'Horus d'or : Menmerut
Nom d'intronisation : Khasekhemre
Nom de naissance (fils de Rê) : Neferhotep



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En haut, son nom d'intronisation : Khasekhemre ; en bas, son nom de naissance : Neferhotep.



Notes :

1 - Il s'agit pour l'essentiel d'objets mobiliers (statues, scarabées, etc.) et surtout d'inscriptions, mais aucun ensemble monumental.

2 - Certaines sources présentent sa mère Kemi comme une descendante d'Amenemhat III, roi de la XIIe Dynastie ; mais il peut s'agir d'une création postérieure pour légitimer sa position sur le trône.


3 - Ne pas confondre avec le tombeau d'un autre Nerferhotep, à Thèbes, non pas roi mais Grand Scribe d'Amon sous la XVIIIe Dynastie.

4 - Le fait qu'un autre frère, Sihathor, lui ait succédé avant Sobekhotep IV, comme le mentionne la liste royale de Turin, est plus qu'incertain.

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24 octobre 2007 3 24 /10 /octobre /2007 05:22

Le pseudo que j'ai choisi, celui de Kaaper, n'est pas une invention. Il s'agit d'un personnage qui a vécu en Egypte dans l'Antiquité et dont la tombe a été fouillée au XIXe s. Il est surtout connu pour la magnifique statue de bois le représentant conservée au musée du Caire et pour laquelle j'ai une affection particulière. Puisque j'ai choisi de lui emprunter son nom, je lui dois bien un article pour vous le présenter.

Le mastaba de Kaaper dans la nécropole de Saqqarah a été fouillé par Auguste Mariette Pacha en 1860. Kaaper vécut durant le règne d'Ouserkaf (env. 2465-2458 av. n. e.), roi de la Ve dynastie, sous l'Ancien Empire. Il était prêtre-lecteur.

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La statue le représentant est l'une des oeuvres les plus remarquables de cette période, étonnante de vie et de réalisme. En bois de sycomore, elle est presque de hauteur naturelle (1,12 m). Elle était à l'origine recouverte d'une couche de stuc peint, dont il reste des traces et qui devait ajouter au réalisme de la sculpture. On n'a pas cherché à idéaliser le défunt, mais à le représenter tel qu'il était. Il est en marche, le pied gauche en avant. Il tient dans la main gauche le bâton qui marque sa fonction et tenait sans doute un rouleau dans la main droite. Les bras ont été sculptés à part et fixés au reste de la sculpture par des chevilles de bois.

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Mais ce sont sans doute les yeux qui sont les plus troublants. Lorsque vous vous trouvez devant la statue de Kaaper, vous avez l'impression qu'il vous regarde. Ses yeux sont réalisés en albâtre, cristal de roche et pierre noire, le tout cerclé de bronze pour figurer le maquillage au khôl alors en usage.


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Une anecdote concernant cette statue lui vaut encore aujourd'hui un surnom qui lui a été donné lors de sa découverte. Pendant les fouilles du mastaba, lorsque la statue a été trouvée, les ouvriers égyptiens de Mariette ont immédiatement trouvé que cette sculpture ressemblait étonnamment au maire de leur village et la surnommèrent pour cette raison "sheykh el-beled" !

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  • : Horizons d'Aton - Beyt Kaaper
  • : Une demeure perdue quelque part entre rêve et réalité, dans les sables du désert égyptien ou sur les flots de la Méditerranée. Tournée vers l'horizon, les horizons divers... Les horizons de l'Est et de l'Ouest, comme disaient les anciens Egyptiens... Une demeure un peu folle, pour abriter des rêves un peu fous, des passions, des émotions, des coups de coeur...
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