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25 septembre 2014 4 25 /09 /septembre /2014 07:12

La fin du voyage est à présent arrivée... Le dernier soir, nous prenons le temps de nous imprégner une dernière fois de l'atmosphère de Louqsor, buvons un verre sur les quais et allons faire une dernière promenade dans le soukh. Comme chaque aventure qui se termine, c'est toujours un peu triste ; déjà un parfum de mélancolie. Mais en même temps j'ai le sentiment étrange que la rencontre n'en restera pas là, que ce n'est qu'un au revoir. Dès le séjour au Caire, il m'était devenu évident qu'un jour, inch Allah comme me l'ont dit mes amis égyptiens, je reviendrai sur la terre d'Egypte. La plupart de mes compagnons de voyage, quant à eux, sont déjà passés à autre chose et parlent de leur prochaine destination. Je discute, mais à vrai dire mon esprit est ailleurs...


 

Le lendemain, les adieux émouvants sur le bateau au personnel avec lequel nous avions sympathisé, puis à nos accompagnateurs à l'aéroport de Louqsor. Je mets un point d'honneur à les remercier en arabe égyptien, même si je le maîtrise encore mal...

 

 

Dans les quelques boutiques de l'aéroport, je fais les réserves de tabac, égyptien bien sûr, et je trouve un CD de Mostafa Amar pour dépenser mes dernières livres ; il se révèlera au retour excellent. Je pense toujours à ce moment en l'écoutant. Nous buvons un verre pour tromper l'attente et que je puisse fumer une dernière cigarette avant le départ ; cigarette que je garde à la main pour aller chercher ma mère qui traîne, bien sûr, dans les boutiques... Un policier égyptien me fait signe avec un sourire, je me demande ce qu'il veut et je réalise que je suis sorti du périmètre fumeur du bar avec ma cigarette ; bon, ça va, c'est un policier gentil (je dis ça, parce que certains policiers égyptiens sont vraiment impressionnants...) au sourire aimable, ce sourire égyptien qui, comme je l'ai déjà dit je crois, est à lui seul une grande leçon... Je file au bar en répondant à son sourire avec un air amusé.


 

L'embarquement. Comme dans un rêve. La tête encore remplie des merveilles rencontrées, on ne réalise pas vraiment. Petit incident lors du contrôle avec un livre que j'ai acheté au Musée Egyptien du Caire et qui forme une masse sombre dans ma valise ; le douanier veut me la faire ouvrir, mais elle est fermée à clef et, bien entendu, c'est ma mère, qui est déjà de l'autre côté, qui a la fameuse clef. Le douanier se montre compréhensif et me laisse finalement passer... J'en suis quitte pour une dernière boulette avant de partir.

 

 

L'avion décolle, survole la vallée du Nil en nous offrant de dernières images magiques. En-dessous de nous Louqsor, la nécropole thébaine, et ce Nil majestueux qui serpente dans le désert... Je ne me souviens pas, à vrai dire, de l'arrivée à Marseille... Il me faut un bon mois pour revenir totalement à la réalité de mon quotidien après un tel voyage en Egypte. Tout va si vite dans un séjour si court et les moments sont si intenses qu'il faut le temps, ensuite de les digérer ; et puis un jour, tout à coup, on se dit : mais je n'ai pas rêvé, j'y étais !

 

 

Je ne remercierai jamais assez mes parents pour ce voyage, ils m'ont fait là un cadeau immense : alf shokr ! On disait autrefois que celui qui buvait l'eau du Nil était assuré de revenir un jour en Egypte. Aujourd'hui, la chose serait risquée, même si on doit bien en boire un peu d'eau du Nil ; mais en tout cas le charme opère quand même. Un jour prochain, inch Allah...

 

Comme je veux terminer sur une note joyeuse de cette Egypte que j'aime, voici pour finir une chanson du fameux album de Mostafa Amar acheté à l'aéroport de Louqsor, " Rouhi feek " :

 

 

 


 


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21 septembre 2014 7 21 /09 /septembre /2014 06:58

La fin du voyage s'annonce, mais avec un final somptueux. Rêve que j'aurais cru à jamais inaccessible, voilà que je vais visiter une partie de la nécropole thébaine, avec toute l'émotion et la ferveur que cela suppose pour un passionné d'égyptologie. Bien sûr, le programme est lacunaire ; Deir el-Bahari, le magnifique temple d'Hatshepsout, et Deir el-Medina, le village des artisans de la nécropole, Medinet-Habu, le Ramesseum ainsi que la nécropole des Nobles resteront pour l'heure un rêve à accomplir... Mais c'est déjà une grande chance de pouvoir visiter la Vallée des Rois et la Vallée des Reines.    

 

 

 

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La Vallée des Reines, avec son rocher évoquant la fertilité...

 

 

Nous commençons par la Vallée des Reines, en arabe Bibân el-Harim. Le programme comprend la visite de 3 tombes : la reine Tyti, Amon-Her-Khepeshef et Khâemouaset, une reine et deux princes ramessides. Ne fantasmez pas sur la tombe de la belle Nefertari : elle est définitivement fermée au public, sauf cas très exceptionnel, étant donnée la valeur de son exceptionnel décor... et aussi des problèmes de restauration. Ceci dit, les trois tombes proposées sont magnifiques. Celle d'Amon-Her-Khepeshef, en particulier, a des couleurs remarquables, des bleus magnifiques. Alors que la seule idée de me retrouver dans la galerie de la Grande Pyramide de Gizeh m'avait glacé de terreur, j'oublie ici que je suis claustrophobe. Même si je ne comprends pas tout des décors qui nous entourent, certaines scènes me sont familières ; je donne donc quelques explications à ma mère, et nous nous trouvons bientôt entourés d'oreilles désireuses de mieux comprendre ce que voient les yeux. Pas de visite commentée à l'intérieur des tombes : on marche à la queue leu-leu dans les allées de bois prévues à cet effet ; quand on a la chance de visiter à un moment où il y a peu de monde, on a la possibilité de prendre son temps - c'est notre cas pour la Vallée des Reines, puisque nous sommes arrivés très tôt et qu'il y a encore peu de monde sur le site, Amr, notre guide, est bien organisé à ce niveau - ; par contre, s'il y a du monde, les gardiens égyptiens font avancer le troupeau qui encombre les couloirs à grands renforts de "yalla ! yalla !"... J'avoue même ne pas avoir pu réprimer un "meuhhhh !" dans une certaine tombe, que le défunt pharaon me pardonne !

 

 

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Une fresque de la tombe du prince Amon-Her-Khepeshef...

 

 

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Une fresque de la tombe du prince Khaemouaset...

 

 

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Tombe de la reine Tyti...


 

Ensuite, la Vallée des Rois, Bibân el-Muluk pour les Egyptiens. Après une présentation d'ordre général par notre guide, nous avons la possibilité de visiter deux tombes à notre convenance. Je déconseille à mes parents celle de Toutankhamon, devant laquelle c'est la cohue et dont je sais qu'elle n'est pas la plus intéressante, même si elle est mythique ; il faut de toute façon, me semble-t-il, payer un droit d'entrée spécifique. Nous commençons par celle de Ramsès VI, juste au-dessus ; une splendeur, mais très fréquentée. Mon beau-père, qui commence sans doute à saturer d'égyptologie, se met à délirer sur la signification des reliefs et des peintures, et manque de nous faire étouffer de rire avec son histoire du croco-lion... Une fois ressortis, nous ne sommes pas d'accord sur la seconde tombe : mon beau-père et nos amis veulent voir la tombe de Seti II, car il y a des momies à l'intérieur. Moi, je rêve de voir celle de Seti Ier ; pas de chance, fermée au public. En regardant le plan, je me souviens de la tombe de Taousert-Setnakht, peu connue du grand public mais très intéressante, en particulier parce que son décor est inachevé. Ma mère me suit, et nous sommes quasiment seuls pour visiter la tombe ; un pur régal dans des conditions idéales. Je suis heureux de partager avec ma mère la découverte privilégiée de cette tombe, qui est une des plus vastes de la Vallée, comme nous en avons déjà parlé.

 

 

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La cime thébaine veille sur la Vallée... moment magique.

 

 

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La très belle tombe de Ramsès VI...

 

 

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La tombe de Taousert-Setnakht : une méconnue à découvrir dans le calme...

 

 

Petites précisions. Le parking est assez éloigné de la Vallée. On doit donc gagner celle-ci dans un petit train kitchissime ! Ceci dit, cela permet de préserver le site, donc ce n'est pas plus mal. A l'entrée, vous choisissez le nombre de tombes que vous voulez visiter, et payez en conséquence ; les appareils photos doivent être laissés en consigne (en principe) ; ne vous en offusquez pas, les flashes endommagent les peintures, qui sont déjà très éprouvées par le nombre de visiteurs. De même, pour tenter d'éviter d'endommager trop gravement les tombes, elles sont ouvertes en alternance ; c'est donc la surprise sur place, quand on arrive, et il faut prévoir à l'avance un certain nombre de tombes qui vous intéressent, pour faire un choix judicieux. Les tombes les plus précieuses sont fermées en permanence. On estime qu'au rythme actuel, les peintures de certaines tombes risquent de disparaître presque totalement sous 10 à 20 ans ; bien sûr, on restaurera : mais les peintures originales seront perdues à jamais, et c'est un peu dommage... On songe déjà à faire des répliques ouvertes à la visite, comme ce fut le cas en France pour le site de Lascaux.

 

 

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Très tôt le matin, les colosses de Memnon se détachent sur le ciel gris, comme si déjà la tristesse du départ s'annonçait...

 

 

Enfin, nous voyons aussi les fameux colosses de Memnon, dont je profite peu car la visite se fait très vite. Mais c'est un sacré frisson, quand même, de se trouver devant ces sculptures mythiques. Aspect un peu délirant, le garde assis devant les deux colosses, sur un banc.

 

 

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Lorsque l'avion quittera l'aéroport de Louqsor, nous survolerons la nécropole, dernier ravissement pour les yeux avant de regagner la France, des images inoubliables plein la tête...

 

Pour voir des images et des plans des tombes, je vous rappelle que vous pouvez consulter l'excellent site du Theban Mapping Project, que je vous avais indiqué dans un précédent  article .

 

 


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17 septembre 2014 3 17 /09 /septembre /2014 07:24

Karnak... Ce nom à lui seul évoquait depuis l'enfance toute la magie et la grandeur de l'Egypte. Que n'avais-je pas lu au sujet de ce temple sublime, de ce haut lieu de la civilisation égyptienne. Combien de fois m'étais-je perdu à rêver en examinant les plans et les photos des reliefs. Et ce matin, en émergeant d'une courte nuit de sommeil dans ma cabine du bateau accosté à Louqsor, je fais littéralement un bond et cours me préparer sans tarder : nous allons visiter le temple de Karnak. Je suis comme dans une bulle irréelle, j'ai encore du mal à y croire, je vais aller voir le domaine d'Amon.

 

 

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Les chèvres sur la placette...

 

 

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L'entrée de Karnak, avec au fond le 1er pylône...

 

 

En arrivant près du site, l'impatience est à son comble et l'émotion grandissante. Sur une petite place, des chèvres nous distraient un instant de l'objet de nos rêves ; des cousines du bélier d'Amon, qui circulent librement... La billetterie, le contrôle, les premiers sphinx à tête de bélier du dromos, et soudain il est là : le premier pylône du temple de Karnak, souverain, imposant, plus beau encore que dans mes rêves. Heureusement que j'ai mes lunettes de soleil, car aussitôt les larmes me montent aux yeux ; ça peut sembler ridicule, mais l'émotion est très forte. J'entends à peine la voix d'Amr, notre guide pourtant très intéressant. Et tandis que nous pénétrons dans le temple, j'ai comme le sentiment de faire la vraie rencontre avec l'Egypte pharaonique ;  Abu Simbel avait déjà été un moment fort d'émotion égyptologique, mais là c'est plus fort encore : c'est toute l'âme de l'Egypte ancienne qui vibre dans ces murs. La forêt de colonnes de la grande salle hypostyle est plus impressionnante encore que tout ce qu'on peut imaginer, à la démesure du génie égyptien ; et la lumière qui filtre à travers les claustra conservés permet d'imaginer ce que voyaient les Egyptiens antiques. Je m'étais ébahi devant la finesse des chapiteaux des temples ptolémaïques, mais je suis ébloui par la grâce et la grandeur de ceux, plus anciens, de la salle hypostyle de Karnak. La nature captée dans sa force symbolique. Dans ce qu'il reste du saint des saints, quelques mots d'une vieille louange à Amon me reviennent en tête... Karnak, outre la beauté architecturale et l'intérêt archéologique, fait partie de ces lieux où l'on sent une présence, où les pierres se sont chargées de la piété des hommes. Amon le Caché est-il toujours là ?

 

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Quelques vues de la fabuleuse salle hypostyle...

 

 

Vient le moment où nous pouvons nous promener seuls dans l'immense domaine d'Amon. Il faut faire des choix et bien gérer son temps, on est un peu dépassé par l'ampleur des lieux. Je regette de ne pas m'être muni d'un plan ; tant pis, j'irai où mes pas me mèneront. Nous reviendrons à l'occasion sur des éléments particuliers, comme les obélisques, le lac sacré et certains détails architecturaux. Nous avons droit, bien sûr, au scarabée autour duquel les visiteurs exécutent une étrange circumambulation, c'est-à-dire qu'ils tournent autour un certain nombre de fois. Je m'éloigne seul vers l'Akh-Menu, ce vaste bâtiment rectangulaire situé dans l'axe des pylônes et de la salle hypostyle ; on y découvre des vestiges de couleurs d'une beauté encore éclatante. De là, mon regard embrasse l'ensemble avec un mélange d'admiration, d'exultation et de respect. Il y a là une équipe de tournage, je ne m'attarde pas plus.


 

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L'Akh-Menu, avec le détail des vestiges de polychromie d'une salle latérale...

 

 

Je quitte ensuite l'Akh Menu pour me diriger vers le rempart ouest. Et je me retrouve dans le petit sanctuaire de Ptah ; un Egyptien sorti d'on ne sait où m'accoste, il veut me montrer quelque chose dans le temple du dieu qu'il appelle " BitaH " ; il ouvre une porte et devant moi se trouve la statue de la divine Sekhmet, épouse de Ptah, splendide. Un autre visiteur est assis et prend des croquis ; nous nous sourions, sans échanger une parole nous nous comprenons, c'est un instant magique, loin de la foule. Je donne un bakhshish à l'inconnu Egyptien qu'un garde posté sur le rempart commence à réprimander, et il détale après m'avoir remercié.

 

 

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L'entrée du temple de Ptah, et mon complice égyptien...

 

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La Sekhmet qu'il me fait découvrir...

 

Je retourne ensuite vers le temple principal, car l'heure approche de retrouver le groupe. Je savoure chaque instant. Je prends des photos, mais une fois rentré en France je réaliserai qu'en fait j'en ai pris assez peu et que les principaux souvenirs sont gravés dans ma tête et mon coeur de façon indélébile. Un jour je reviendrai dans le domaine d'Amon, et prendrai tout le temps qu'il faudra pour l'explorer. Il est temps à présent de rejoindre les autres. Nous avons d'autres visites à faire, et non des moindres...

 

 

 

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13 septembre 2014 6 13 /09 /septembre /2014 07:20

 

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Derrière les arbres de la corniche, le temple de Louqsor ; cette photo est un peu triste, parce que les bus que vous voyez garés derrière les arbres, ce sont ceux qui nous ont ramenés à l'aéroport, au terme du séjour... Larme à l'oeil garantie, à part pour les insensibles, quand on jette alors un dernier regard sur le fleuve et les paysages alentour...

 

Au terme de la navigation sur le Nil, notre bateau finit par accoster à Louqsor, al-Uqsur la troublante, l'ancienne Thèbes de l'Antiquité, nom qui m'a tant fait rêver. Nous accostons tout près du temple, dont nous pouvons admirer les colonnades depuis le pont supérieur. Précisons que nous accostons à l'égyptienne, bateau contre bateau. Vous vous en doutez, je brûle de descendre à terre. Et justement, à l'égyptienne, ça veut dire que pour descendre à terre il faut passer de bateau en bateau, c'est assez drôle ; sauf que ceux qui n'ont pas le sens de l'orientation, ni une mémoire visuelle, peuvent au retour se tromper de bateau, et c'est encore plus drôle.


 

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De l'autre côté, la rive occidentale nous appelle... Elle est là, toute proche, la mythique nécropole thébaine...

 

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Préfiguration nocturne des merveilles de Karnak...

 


Le temple de Louqsor n'est pas inscrit au programme des visites, c'est donc seuls que nous le découvrirons, de nuit. Une beauté particulière, qui fait que le charme est intact bien que nos yeux se soient habitués à admirer tant de beautés architecturales. L'une de ses particularités, c'est la petite mosquée Abu el-Haggag qui y subsiste, noyée parmi les vestiges du temple. Plusieurs périodes se succèdent ou se superposent, des plus célèbres pharaons à l'époque romaine. Après avoir essentiellement vu des vestiges d'époque ptolémaïque, en dehors d'Abu Simbel et de Gizeh, nous prenons un premier contact avec l'Egypte plus ancienne, en attendant la grande rencontre : celle avec le temple de Karnak qu'annonce un petit dromos de sphinx pour la plupart d'un style tardif.

 

 

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L'entrée du temple... vous savez tous où est l'autre obélisque...

 

 

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La petite mosquée Abu el-Haggag, nichée dans le temple antique...

 

 

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Le dromos de sphinx en avant du temple, qui allait à l'origine jusqu'à Karnak...

 

 

Louqsor, ce sont aussi les quais avec leurs boutiques et leurs cafés, où l'ont traîne le soir venu le temps de prendre un verre et de fumer une shisha. Un soukh qui reste ouvert très tard et où j'ai longuement discuté d'égyptologie avec un jeune marchand égyptien passionné par son pays et qui me proposait d'aller dans sa famille dans le secteur d'el-Gournah ; hélas, c'était la veille du départ, sinon, j'aurais été ravi de cette escapade imprévue à laquelle Gaby se serait volontiers jointe. C'est un tourbillon, mais différent de celui d'Aswan et surtout d'Esna... C'est un lieu, en tout cas, où l'on voudrait rester assez longtemps pour en découvrir toutes les facettes, et qu'on ne fait hélas que survoler dans le cadre d'un voyage organisé. On a une terrible envie de revenir à Louqsor pour en profiter un peu.

 

 

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Magie nocturne des forêts de colonnes... A Louqsor, la promenade est presque mystique...

 

 

De Louqsor, nous allons vivre les grands moments qui nécessiteront chacun un récit : le choc absolu de la visite de Karnak, puis la visite de la Vallée des Rois et de la Vallée des Reines. Bien que je sache que la fin du voyage approche, je suis impatient de découvrir ces merveilles. Les nuits seront courtes...

 

 

NB : Louqsor a beaucoup changé depuis 10 ans, comme vous pouvez le contater d'après certaines de mes photos.

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9 septembre 2014 2 09 /09 /septembre /2014 07:13

Plutôt que de longs discours, c'est en images que je vous propose d'évoquer les rives du Nil telles qu'on les découvre depuis un bateau de croisière durant la navigation. Un spectacle magique qui invite à une contemplation silencieuse et fait pénétrer au coeur même de ce qui a forgé des millénaires durant la civilisation égyptienne.


 

egypte-frd--143-.JPG Le fleuve roi, le fleuve dieu, dispensateur de vie et de puissance...

 

 

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Des lieux d'une beauté extraordinaire, inchangée depuis des siècles...

 

 

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La navigation sur le Nil requiert un savoir faire particulier ; non seulement le fleuve est parcouru par de nombreuses embarcations, mais il faut surtout faire attention aux bancs de sable et autres écueils qui ne cessent de se déplacer.

 

 

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Au-delà de la mince frange verte, les montagnes et le désert ; quelques-unes de ces montagnes de forme naturellement pyramidale qui rappellent les monuments des anciens Egyptiens...

 

 

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Cà et là apparaissent des hameaux au charme indéniable, une Egypte authentique au-delà des clichés.

 

 

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Extraordinaires espaces de verdure qui bordent le fleuve, depuis des millénaires...

 

 

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Les champs égyptiens, fidèles à la tradition ancienne de la division en petites parcelles carrées alimentées par des canaux ; mêmes si les pompes électriques remplacent les shadouf, on assiste parfois, si on est attentif, à des scènes inchangées depuis l'Egypte ancienne, dans l'atmosphère paisible d'une culture qui connaît encore la valeur du temps.

 

 

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Tout est harmonie, dans les couleurs et les formes, tout est douceur sous le soleil bienfaisant. L'homme a su ici arracher à la rudesse une vie paisible dans un cadre grandiose.

 

 

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Au-delà des oasis de verdure, on brûle de découvrir le désert que bordent les montagnes. Elles semblent monter la garde, silencieuses, sur la vallée.

 

 

 

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Visions orientales au détour d'une portion de rive, comme sorties de la toile d'un peintre...

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5 septembre 2014 5 05 /09 /septembre /2014 06:54

Quittant Kom Ombo, le bateau reprend sa route vers l'écluse d'Esna, passage délicat s'il en est, puisque s'y pressent des dizaines de bateaux de croisière et que seuls deux à la fois peuvent prendre place dans l'écluse. Autant dire que l'ordre d'arrivée est primordial. Nous avons eu une chance extraordinaire : nous étions en retard pour le passage de l'écluse, beaucoup de bateaux nous précédaient, et donc nous avons pu descendre à terre pour une visite qui n'était pas prévue au programme ; et sans le "troupeau", la plupart préférant rester à bord sur le pont du navire ! Pensez donc, manquer le passage de l'écluse, ou se fatiguer à aller voir un temple de plus !

 

 

 

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La fameuse écluse d'Esna...

 

 

Esna est sans doute plus authentique, car moins fréquentée que ses voisines. En général, les touristes attendent sagement sur leur bateau le passage de l'écluse. La première impression est celle d'une ville des rives du Nil, avec ses minarets et ses façades hétéroclites, avec ces fameuses maisons toujours inachevées. Nous nous empressons, mes parents, notre couple d'amis et moi, de descendre à terre dès que le feu vert nous est donné. Tandis que nous cheminons sur les quais en direction de la rue principale du soukh qui mène aux vestiges du temple, une série de petits incidents cocasses nous font bien rire. D'abord, ma mère qui, toute fière, arbore son guide touristique et nous entame la lecture ; nous le lui faisons ranger tout de suite, certains qu'il nous vaudrait d'être assaillis sur le champ. Comme mon beau-père se moque d'elle, elle lui assène pour plaisanter quelques coups de son guide de voyage sur la tête, ce qui provoque la stupeur ou l'amusement chez les Egyptiens qui assistent à la scène : l'un d'eux, qui conduit nonchalamment sa charrette, manque d'avoir un accident en se retournant tant il est stupéfait ; des femmes rient de bon coeur, ainsi qu'un vieil homme assis devant sa maison. Sans le réaliser, elle vient de porter atteinte à l'honneur son mari en quelque sorte ; mais elle est incorrigible, et même les policiers saoudiens ont eu bien du mal à la discipliner dans les soukhs de Jeddah, c'est vous dire ! Puis ma mère, à nouveau, donne un bakhshish à un petit garçon, et nous savons bien ce qui l'attend : elle se trouve bientôt entourée d'enfants qui demandent un bakhshish ou des stylos ; cruels que nous sommes, nous la laissons s'en dépêtrer, et les petits sont tellement mignons ; finalement, un Egyptien plus clément que nous libère ma mère, qui de toute façon se dit qu'elle était contente de faire plaisir à ces petits.

 

 

 

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 Les quais d'Esna, satués de lumière, avec les minarets et la foule des bateaux de croisière...

 

 

L'accès le plus rapide au temple d'Esna se fait par une longue rue bordée d'un soukh. Comme à Edfou, nous décidons de tenter de traverser le plus directement possible ; si nous nous trouvons séparés, rendez-vous devant l'entrée du temple. Là encore, parcours épique, d'autant qu'une gaffe est faite qui va remplir le soukh de "Fred, viens voir ma boutique" sur mon passage ; eh oui, je ne sais plus qui a eu le malheur de prononcer mon prénom, mais les Egyptiens, eux, l'ont bien entendu ! Bref...

 

 

 

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Un exemple de ces maisons inachevées, avec les piliers suggérant des aménagements futurs...

 

 

Nous arrivons enfin à l'entrée de l'accès au temple. Comme toujours, militaires en armes, franchement pas engageants ceux-là ; il faut dire qu'ils doivent s'ennuyer vu le peu de fréquentation, ou alors nous dérangeons leur train-train... Bref. Il faut descendre un escalier, car le temple est situé en contrebas par rapport au niveau de la ville. Je suis heureux de pouvoir ajouter cette visite à notre programme, d'autant que Khnoum est un de mes dieux favoris ! Il ne subsiste guère en fait que la partie antérieure du temple. Les vestiges de polychromie y sont très beaux, en particulier des bleus magnifiques. Très vite, l'un des gardiens s'improvise guide, non sans avoir vérifié qu'aucun policier ne le voit, car la profession de guide est très protégée en Egypte. Comme je suis guide moi-même en France et que j'explique quelques reliefs à mes compagnons d'excursion, je lui sers bientôt d'interprète... et je me retrouve à exercer pour un court instant ma profession en Egypte. Une sensation particulière... De ce fait, je n'ai hélas pas le temps de prendre de photos, car malgré tout le temps nous est compté. A ne pas manquer, entre autres, dans le temple d'Esna : les reliefs représentant la conception et l'enfantement, ainsi que le superbe zodiaque sur le plafond... et les chapiteaux, bien entendu, qui sont de toute beauté.

 

 

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L'un des reliefs à l'entrée du temple...


 

 

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Détail du relief : le dieu Khnoum créant le roi sur son tour de potier ; le thème majeur du décor est donc une légitimation dynastique...

 

 

 

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Les extraordinaires vestiges de polychromie, qui laissent imaginer l'aspect originel du temple...

 

 

Après la visite du temple, nous voilà repris dans la frénésie du soukh. Mon beau-père se lance aux abords du temple dans une négociation "musclée", dans un mélange d'arabe et de français, pour des vêtements destinés à mes nièces ; j'ai beau savoir que ça fait partie du rituel, impressionné, je m'éloigne ; rassurez-vous, le marchand et mon beau-père se sont quittés comme s'ils étaient les meilleurs amis du monde, et le marchand lui a dit qu'il négociait comme un vrai Egyptien ! Du coup, je manque la visite du caravansérail tout proche, que les Egyptiens leur proposent de découvrir. Dès que je me suis éloigné, j'ai littéralement été happé, attrappé par le bras sans possibilité de m'enfuir. Conseil avisé : ne jamais dire "je viendrai voir ta boutique plus tard, si j'ai du temps après la visite", c'est le piège assuré ! En même temps, c'est sympathique quand on le prend avec philosophie. Un premier marchand cherche à me vanter ses statuettes "en granit" ; je sors alors mon briquet pour faire mine de vérifier et il se met à rire, tandis que je lui dis que je sais faire la différence entre granit et résine ou poudre de pierre reconstituée. Comme je voulais quand même quelques statuettes, il m'en montre d'autres de meilleure qualité, et je suis parvenu à les avoir à un prix raisonnable ; nous étions tous deux contents ; j'ai aussi reçu en cadeau un petit Horus en albâtre, de qualité médiocre, mais qui me rappelle mieux qu'une oeuvre de grande qualité l'épisode d'Esna. Dans une autre boutique, achat de boîtes marquetées pour mettre l'encens acheté à Aswan ; rituel complet, avec le temps de s'asseoir et de boire le thé, j'applique la méthode observée chez mes parents, faisant mine de partir, de bouder la qualité du travail, consentant à revenir, et menant à ma grande fierté d'âpres négociations. Une fois les affaires faites, je reste un moment à discuter de l'Egypte avec le marchand et quelques membres de sa famille qui sont là, je suis tombé sur aussi bavard que moi, et là il ne s'agit plus d'acheter, mais de discuter... Par contre, quand je ressors, le tourbillon reprend, je ne sais plus où sont mes parents ni nos amis, j'ai la tête qui tourne et je parviens non sans mal à m'enfuir vers le quai. Ouf, une bonne cigarette sur les rives du Nil, dans le soir qui tombe, à observer la ville...


Après toutes ces péripéties, nous remontons à bord, heureux malgré tout de cette rencontre inattendue. Il y a tant de retard que nous ne devrions au mieux que passer l'écluse dans la nuit. Tandis que je fume ma cigarette du soir sur le pont supérieur, j'observe le spectacle qui constitue l'envers du décor de la croisière, les petites embarcations qui viennent livrer au bateau de croisière les marchandises nécessaires aux cuisines, l'agitation qui régne dans celles-ci, tout en bas...

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1 septembre 2014 1 01 /09 /septembre /2014 06:59

Après une navigation de nuit, nous accostons à Edfou. Là encore, des images de toujours envahissent ma tête, ces photos vues mille fois dans mes livres, ce lieu que j'ai hâte de découvrir. Le trajet du bateau au temple se fait en calèche ; passage obligatoire pour les touristes, mais qui me met un peu mal à l'aise. En effet, si mes parents font le trajet avec nos nouveaux amis, pour ma part je suis avec un couple avec lequel nous n'avons eu que peu de contacts. Les calèches nous déposent à l'entrée du soukh qui précède l'accès au site ; il faut beaucoup de persévérance pour passer droit à travers, mais enfin nous y sommes.

 

 

 

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Le superbe décor du premier pylône, où l'hellénisme se plie aux règles égyptiennes...

 

On arrive par l'arrière du temple, qu'il faut contourner pour gagner le pylône d'entrée. Une fois de plus, c'est un temple tardif qui s'offre à nos regards, tel que je l'imaginais. Et une fois de plus, je suis ébahi de remarquer sur la façade magnifique  des traces de polychromie qui ont résisté à l'usure du temps. Edfou est plus imposant encore que Philae, il s'en dégage une forte impression de puissance qui fait oublier la ville moderne qui grouille tout autour. Dans la cour, je m'adonne, vous y êtes habitués maintenant, à mon passe-temps favori : détailler les chapiteaux, qui là aussi sont remarquables. Cette cour est majestueuse, ménageant un effet de trompe-l'oeil qui la fait paraître plus vaste qu'elle n'est. Gaby et moi refusons de nous plier au rituel touristique de la photo devant l'Horus d'Edfou, malgré l'insistance de nos proches ; d'ailleurs, ils insistent tellement que nous finissons par jouer les garnements "touristoclastes " et consentons à une photo, mais cachés derrière l'Horus d'Edfou : effet garanti, on nous prend pour des fous furieux ! Et ma mère râle de ne pas avoir la photo de son fils devant l'Horus d'Edfou...

 

 

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La cour, majestueuse...  

 

 

Il y aurait beaucoup à dire sur ce temple si nous abordions le monument sous l'angle de l'histoire et de l'histoire de l'art. Mais pour l'heure, nous en resterons au récit de la journée. Après la visite guidée, Amr nous laisse du temps pour nous promener seuls dans le temple. Mon beau- père et moi nous trouvons littéralement coincés dans le saint des saints, près du naos du dieu, par un groupe d'anglais hystériques qui nous bloquent toute issue : aspect franchement désagréable du tourisme de masse ! Bref, nous jouons des coudes, bouttons quelques Anglais hors de notre passage, et échappons de justesse à une vague de Japonais (style soudaine marée humaine...) qui s'apprête à prendre le relais. En résumé, je dois l'avouer : cette visite d'Edfou a été un peu gâchée par la cohue de touristes ; et encore était-ce relativement tôt le matin ! Il faut dire que nous avions pris du retard à la suite d'un cafouillage avec les calèches (Hani avait piqué une crise avec les cochers qui, les pauvres, demandaient un prix que lui jugeait excessif), puis à essayer de retrouver un couple de retraités un peu perdus dans ce voyage peu adapté pour eux et qui leur causait quelques petits désagréments...

 

 


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Le naos du dieu, au plus profond du temple... lieu d'un combat épique pour ressortir !

 

 

Par contre, la visite de la "galerie de la victoire", qui entoure le temple, est un régal, nous y bénéficions d'une atmosphère plus paisible. On pourrait passer des heures à en admirer les reliefs fourmillant de détails, comme ces bateaux représentés de façon très réaliste, avec leur gréement.

 

 

egypte-frd--123-.JPGUn bel exemple des vestiges de décors polychromes qui ornent encore certains reliefs du temple : vous voyez les motifs sur le trône et la rangée d'étoiles ?

 

A l'issue de la visite, traversée du soukh dans l'autre sens. J'ai tellement traîné lors de ma promenade solitaire sur le site du temple qu'un nouveau défi m'attend : traverser d'une traite le soukh et retrouver la calèche et le couple en question. Je ne m'en sors pas trop mal, récoltant au passage un "tu n'es pas gentil, monsieur ! " de la part d'un marchand chez lequel je refuse de m'arrêter, et distribuant quelques "mafeesh fulus " pour la prononciation desquels l'expérience m'aura entraîné ! Reste le défi de la calèche. C'est une vraie cohue de calèches, impressionnant ! Je finis par retrouver la mienne (nous avons en poche le nom du cocher et le numéro de la calèche...) grâce à un Egyptien qui voit que je galère un peu. Le couple n'est pas là, mais le cocher est très sympathique, je lui offre une cigarette et nous entamons la conversation. Les touristes tardent, mais cela me laisse le temps de m'imprégner de l'atmosphère de la ville, car le cocher m'a fait monter et nous nous sommes un peu éloignés de la cohue. Là, j'ai soudain ce qui fut l'un des grands moments de plaisir du voyage ; je suis seul au milieu des Egyptiens qui vaquent à leurs occupations, je réalise que je pourrais avoir peur, mais qu'au contraire j'oublie l'aspect touristique et me fais tout petit pour admirer ces images d'une autre Egypte : les hommes assis dans un café à fumer la shisha, une femme pressée voilée de noir selon la tradition des campagnes (je veux dire par là, pas une monaqaba), des petits groupes qui discutent à l'ombre, une agitation bien orchestrée...

     

 

egypte-frd--132-.JPGLa Galerie de la Victoire, avec ses consoles protégeant le sanctuaire (à gauche).   

 

 

Puis les retardataires arrivent. Ils ont bien sûr traîné au soukh et se chamaillent au sujet de ce qu'ils ont acheté, l'une disant qu'elle a fait une affaire et que ça valait le coup d'insister, l'autre disant qu'elle s'est fait arnaquer, etc. Avec bien sûr quelques remarques pas très sympathiques pour nos hôtes égyptiens, auxquelles j'ai bien du mal à ne pas réagir ; mais je crois que mon regard trahit mes pensées, parce qu'ils cessent tout à coup... Décidément, j'ai du mal à comprendre qu'on puisse venir dans un pays et ne pas s'intéresser aussi à sa population... Retour sur le bateau pour le déjeuner, je suis soulagé de retrouver les miens, et Gaby me fait vite retrouver ma bonne humeur, son sens acéré de l'humour me fait du bien. Le bateau reprend sa navigation vers l'écluse d'Esna... 


 

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L'Horus d'Edfou, tout seul, na ! Je vous prie de croire que cette photo n'est pas facile à faire... Il faut sérieusement ruser pour avoir le divin Horus seul, et non flanqué de son sempiternel touriste ! 

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28 août 2014 4 28 /08 /août /2014 07:14

Kom Ombo... Je ne sais pas pourquoi, c'est un des noms qui m'ont fait rêver depuis toujours. Le temple du grand Sobek - j'en oublie presque qu'il le partage avec Haroeris - , les crocodiles sacrés, sans doute, mais au-delà une Egypte où se mêlent les civilisations... Vous vous souvenez, je vous ai déjà raconté ma seconde rencontre avec ce site en 2006.

 

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La visite de nuit au temple de Kom Ombo fut un grand moment de notre séjour de 2004, et pas seulement pour la beauté des lieux et leur intérêt artistique et historique. Elle fut aussi l'occasion d'une aventure cocasse que je m'en vais bien entendu vous raconter.

 

 

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Lorsque notre bateau se présenta au quai de Kom Ombo, comme nous avions pris du retard - vous croyez déjà avoir identifié ceux qui ont causé le retard, j'en suis sûr... et vous n'avez pas tout à fait tort !  - , plus de place pour notre fière embarcation : problème ! Problème ? Non : comme disent les Egyptiens "mafeesh moshkela", "pas de problème", il y a toujours une solution. Hani, notre accompagnateur, nous annonce bientôt la stratégie adoptée : nous débarquerons à l'écart du quai et pendant notre visite le bateau cherchera un endroit où accoster, tout au bout du quai. Nous débarquons donc de façon "sauvage", la passerelle prenant pied directement sur les rives du Nil, en contrebas des champs qui voisinent avec le temple. Pour nous éclairer, car il fait nuit noire (au passage, la nuit tombe tôt et rapidement dans cette région du monde), Hani a rassemblé toutes les lampes de poche qu'il peut et le personnel du navire a même démonté des néons pour éclairer la berge ; j'adore la débrouillardise égyptienne et cette aventure impromptue dans un voyage bien lisse, vous vous en doutez ! Vous vous doutez aussi que ce n'est pas du goût de tout le monde, et certains préfèrent rester sur le bateau : confort occidental absolu ou rien... Bref ! Pour plaisanter, ma mère, qui a remarqué quelque chose qui bouge sur l'eau, dit qu'il y a même des crocodiles : normal puisque nous allons au temple de Sobek ! Certains n'y résisteront pas et font déjà demi tour : ce ne sont en fait que des plantes flottant à la surface de l'eau, chacun sait qu'il n'y a plus de crocodiles dans le Nil...

 

 

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Il faut escalader une berge relativement escarpée, les Egyptiens aident les dames à monter, c'est assez drôle et ceux qui se lancent dans l'aventure sont ravis. Par un étroit chemin de terre, nous longeons les champs endormis, ces champs qui n'ont guère changé depuis l'époque des pharaons : les parcelles sont divisées en carrés de culture bordés de petits canaux d'irrigation par gravitation, selon un usage antique qui s'est longtemps conservé aussi chez nous en Provence. Vous pensez bien que je jubile, je goûte chaque instant, j'engrange les sensations. Sur les berges, en contrebas, nous apercevons des Egyptiens qui prennent leur repas sur leur felouque, regroupés autour d'un petit brasier ;  que ces gens sont beaux, il y a un parfum d'éternité tout à coup, une intrusion dans ce que les touristes ne voient habituellement pas ; ils nous saluent chaleureusement et semblent aussi amusés que nous de notre équipée. Un paysan, sans doute interpelé par le bruit que nous faisons, apparaît tout à coup au détour du chemin avec son petit âne, et demande un bakshish que nous lui donnons bien volontiers.

 

 

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Notre première vision du temple ne se fait donc pas des quais sur lesquels accostent habituellement les bateaux, mais depuis ces champs plongés dans l'obscurité... J'avoue que c'est un très beau spectacle que ces ruines illuminées surgissant de la campagne, une image inoubliable.

 

 

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Kom Ombo fait partie de ces temples tardifs où hellénisme et romanité se mêlent à l'éternel égyptien. Une partie de l'enceinte est conservée, préservant pour un instant la rencontre magique. Ses colonnes et chapiteaux sont une fois de plus un régal de diversité et de finesse. Dans une petite pièce sont conservés dans des vitrines des crocodiles momifiés, débandellettés, les pauvres ; comme la foule s'y presse, je charge mon père de filmer, et j'en profite pour examiner les détails de quelques reliefs. Ce qui fait l'originalité de Kom Ombo, entre autres, ce sont les vestiges des magasins, l'extraordinaire fraîcheur des peintures des portions de plafond conservées et surtout le vaste nilomètre circulaire aux parois duquel s'accroche un escalier. Bien entendu, à ne pas manquer certains reliefs exceptionnels, comme ceux présentant des comptes ou des calculs astronomiques, et bien entendu le très célèbre relief présentant une série d'instruments médicaux. Là encore, il faut prendre le temps d'observer.

 

 

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A la sortie, en contrebas du temple, on traverse le soukh, où dominent les produits textiles. L'équipe qui nous accompagne nous indique où se trouve le bateau et nous demande de ne pas traîner et de le rejoindre sans tarder, car le repas va être servi. Notre pauvre guide, Amr, ne sait plus où donner de la tête pour rassembler tout le troupeau. Nous avons pitié de lui et décidons d'être obéissants et sages, pour une fois ; pas de soukh pour ma mère et moi : tant pis, la vengeance se fera à Louqsor ! Nous devons passer plusieurs barrages de police, et entre deux pas âme qui vive ; étrange sensation de se trouver dans cette sorte de no man's land... Délire, bien sûr, avec Gaby et Christian, ce couple avec lequel nous avons sympathisé, tandis que dans la pénombre nous entendons les murmures des éternels râleurs... Nous embarquons à nouveau sur le bateau de croisière, le voyage va reprendre son cours normal. Mais "l'expédition Kom Ombo" restera un grand moment de notre séjour ! 

 

 

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24 août 2014 7 24 /08 /août /2014 06:48

Croisière Cléopatre012004 (125)Après les charmes de la Nubie et un court séjour à Aswan, notre voyage se poursuit avec la croisière qui nous mènera jusqu'à Louqsor, dernière et grandiose étape. Nous faisons connaissance avec le bateau, et avec nos cabines. Elles sont tout en bas, au ras de l'eau et ma mère et moi avons la même réaction : "au secours, je ne pourrai jamais dormir là ! " Elle, parce qu'elle a peur de l'eau, moi parce que je suis claustrophobe... Mon beau-père est devenu tout rouge, déçu le pauvre de notre réaction ; puis il a réussi à calmer nos appréhensions et nous avons pris le bon côté des choses. Comme je voyage en "single ", j'ai une cabine pour moi tout seul, celle située tout à l'avant du bateau. Allongé sur mon lit, je vois défiler les rives du Nil et le clapotis de l'eau m'apporte un calme inespéré ; bref, au bout de quelques instants, je me sens très bien dans cette cabine. J'installe consciencieusement mes petites affaires, et ça y est, le charme est retrouvé. En fait, bous ne le réalisons pas encore, mais nous sommes très bien placés : juste quelques cabines disposées de chaque côté du couloir, puisque qu'une grande partie de ce pont inférieur est occupée par la grande salle à manger et son vestibule au billard, à l'arrière de laquelle se trouvent les cuisines et autres dépendances... Pas de bruit de moteur, les machines sont à l'arrière.

 

 

egypte-frd--151-.JPGMa mère joue les ladies sur le pont du bateau...

 

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... tandis que mon beau-père et moi nous livrons à notre jeu favori : "Tu me filmes ? Je te photographie !"


 

Au-dessus, le rez-de-chaussée, en quelque sorte, avec la réception, un vaste hall et le bar-discothèque ( le tout kitsch à souhait, comme j'adore !  ). En haut, un vestibule avec de petites boutiques :  un magasin de souvenirs minuscule où s'entassent des objets disparates parmi lesquels seul le vendeur sait se retrouver... Et une petite bijouterie. Et enfin, couronnant le tout, le pont supérieur formant une vaste terrasse qui occupe pratiquement toute la surface du bateau, en partie couverte. Nous sommes très amusés par les canots de sauvetage : mieux vaut sauter à l'eau, puisqu'il n'y a plus de crocodiles ! Le pont supérieur sera mon QG le soir, quand il sera déserté par tous et que je pourrai venir m'y ressourcer en observant les beautés qui se déploient dans la nuit paisible... Ah, la cigarette du soir sur le pont supérieur du bateau de croisière, un délice !

 

 

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Un canot de sauvetage...

 

 

Nous larguons les amarres de nuit et assistons émerveillés à un magnifique coucher de soleil sur les rives du Nil. A contempler ce spectacle que les mots ni les photos ne peuvent rendre, on comprend pourquoi les Egyptiens de l'Antiquité ont développé de si beaux mythes sur le sujet... C'est véritablement un moment magique dont on ne se lasse pas et qui se grave pour toujours dans la mémoire. Nous apercevons le village nubien près duquel notre promenade en dromadaire s'était arrêtée ; il prend là toute sa dimension, sa vraie dimension : tourné vers le Nil dispensateur de vie, en harmonie avec le paysage dans ses couleurs et ses formes... Un spectacle d'une grande beauté. Et, ça vous étonnera ou pas, mais j'ai eu une petite larme au coin des yeux en quittant Aswan, le sentiment que je quittais un lieu féérique comme j'en avais toujours rêvé ; mais j'ai fait en silence le serment de revenir... Inch Allah.

 

 

egypte-frd--95-.JPGLe village nubien qui s'endort dans le soir tandis que nous nous éloignons.

Au revoir, Aswan : je reviendrai, si je le peux...

 


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20 août 2014 3 20 /08 /août /2014 07:36

Il y a beaucoup à faire et à voir à Aswan, d'où la frustration là encore qu'on ressent obligatoirement lors d'un circuit organisé. En même temps, cela permet de se fixer un objectif essentiel : revenir et prendre le temps. Par exemple, je n'ai vu les tombes des nobles d'Elephantine que de loin, je ne suis pas allé sur l'île Elephantine, pas plus que nous n'avons eu le temps de visiter le musée nubien, la carrière de granit avec l'obélisque inachevé, etc.

 

 

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L'une des journées que nous avons passées à Aswan nous a pourtant réservé ce moment délicieux d'une promenade sur le Nil à bord d'une felouque, ces élégantes embarcations qui voguent lentement sur le fleuve. Car le sentiment premier, et que j'ai adoré, c'est la lenteur, cette lenteur orientale faite de calme et de sérénité ; cette lenteur qui permet de goûter l'instant. Naviguer ainsi sur le Nil quand on a de l'imagination, c'est découvrir aussi un autre aspect de la civilisation égyptienne, celle de l'immensité du temps et de l'espace, de la petitesse de l'homme. C'est en même temps une présence rassurante que celle du fleuve, la vie qui s'écoule au coeur du désert. Quand les touristes daignent se taire, et ce fut le cas dans notre groupe car nous étions tous sous le charme, c'est un moment réellement magique. Je me dis que ce doit être enchanteur de faire une croisière en dahabieh ou même en felouque, comme on le propose en alternative aux hôtels flottants...


 

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Nous avons fait une première étape sur l'île Kitchener, un jardin magnifique planté au milieu du fleuve, avec ses innombrables essences de plantes, son calme et ses chats pas sauvages du tout. Vous vous doutez bien que je n'ai pas pu résister au plaisir de faire ami-ami avec les matous égyptiens... Pour débarquer sur l'île, le principe est assez amusant - le même, d'ailleurs que pour embarquer : les felouques accostent les unes contre les autres et on descend à terre en passant de felouque en felouque, ce qui peut se révéler parfois épique ! Ce que je vous conseillerai concernant l'île Kitchener, c'est de prendre le temps de goûter le paysage depuis l'une des extrémités de l'île, c'est extraordinaire là encore.

 

 

 

Ensuite, retour à bord de notre embarcation pour une promenade à dos de chameau - en fait, ce sont bien sûr des dromadaires, mais on dit toujours "chameau", "gamal" en égyptien. Je sais, ça fait très touriste, mais j'ai toujours rêvé de monter sur un dromadaire et ma soeur ayant fait son baptême de dromadaire en Arabie, ça m'avait donné encore plus envie de vivre cette expérience, après ce qu'elle m'en avait dit. Bref, nous accostons sur la rive Ouest : pour le coup, véritablement épique ! Je vous explique : il s'agissait de descendre de la felouque sur une planche, une rame tendue par l'un des bateliers égyptiens servant à s'assurer et garder son équilibre ; mais surtout, à l'arrivée, on se retrouve sur un escalier aux marches très étroites et recouvertes de sable : cocktail total pour une chute assurée à la moindre inattention ! C'était assez drôle.

 

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Nous arrivons au lieu où nous attendent les chameliers et nous répartissons sur les montures, notre accompagnateur, Hani, réglant la circulation. Les couples relativement légers montent à deux ; j'ai la chance d'être assez corpulent à l'époque, je monte donc seul. Le dromadaire se retourne et pousse un cri qui pourrait signifier : "Au secours ! Pas celui-là !" ou "Pourquoi est-ce que ça tombe sur moi ?". Le départ se passe bien, monsieur dromadaire se résigne et ne me secoue pas trop en se redressant. Le moment, malgré le kitsch de la balade pour touristes, est magique malgré tout ; une longue colonne de dromadaires s'étire dans la petite portion de désert qui sépare notre lieu de départ du village nubien situé dans une boucle du Nil où la promenade doit s'achever. Evidemment, mon imagination part au galop... Nous passons devant les ruines du monastère St Siméon et, bien entendu, je peste de passer si près et de ne pas le visiter. Je rêve, je rêve, quand tout à coup le chamelier me remet la longe de la noble monture et part discuter avec un de ses collègues ; il voit mon regard inquiet et me dit : "Mafeesh moshkela, pas de problème !" Bon, s'il le dit... Il faut dire que les dromadaires connaissent par coeur ce chemin qu'ils font plusieurs fois par jour. Et tout à coup, on nous fait une surprise de taille : tout ce petit monde se met à courir ! Je vous assure que quand le dromadaire court, ça n'est pas triste, il faut s'accrocher.

 

Mais le meilleur est encore pour la fin. Mes parents sont loin devant, ils ont déjà mis pied à terre ; et bien sûr mon beau-père attend avec impatience mon arrivée, camescope en main. Il faut en effet descendre une grande pente et on se demande ce que ça va donner sur le dos d'un vaisseau du désert. Le chamelier explique qu'il faut se pencher en arrière pour ne pas tomber, et là je comprends pourquoi mon beau-père attend en riant avec le camescope ! C'est assez impressionnant à vrai dire, je me cramponne en essayant de ne pas avoir l'air trop crispé.


   

Une fois arrivé, et passé l'épreuve du "on se penche en avant, on se penche en arrière" quand monsieur dromadaire s'assied, je remercie chaleureusement le chamelier en lui remettant discrètement un peu plus que le bakshish d'usage, car il m'a fait vivre un grand moment. D'ailleurs, ce qui est un peu gênant dans l'affaire, c'est que ces hommes font eux aussi le parcours plusieurs fois par jour, mais à pied ; je sais que cela leur permet de gagner leur vie, mais ça me gêne un peu quand même... Je caresse timidement ma monture, qui semble soulagée que ce soit fini. Et c'est un peu triste que je regagne notre embarcation, car notre bateau doit appareiller aussitôt pour le départ de la croisière et qu'il va falloir dire au revoirà Aswan...

 

 

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En tout cas, j'espère avoir un jour l'occasion de faire une vraie randonnée en dromadaire dans le désert. La mode est aux véhicules motorisés, mais mon côté orientalisant préfère la noblesse lente du dromadaire... Et j'espère aussi revenir à Aswan pour une nouvelle rencontre et visiter ce que je n'ai pu voir.

 

 

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Papyrus D'identité

  • : Horizons d'Aton - Beyt Kaaper
  • : Une demeure perdue quelque part entre rêve et réalité, dans les sables du désert égyptien ou sur les flots de la Méditerranée. Tournée vers l'horizon, les horizons divers... Les horizons de l'Est et de l'Ouest, comme disaient les anciens Egyptiens... Une demeure un peu folle, pour abriter des rêves un peu fous, des passions, des émotions, des coups de coeur...
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