Le pseudo que j'ai choisi, celui de Kaaper, n'est pas une invention. Il s'agit d'un personnage qui a vécu en Egypte dans l'Antiquité et dont la tombe a été fouillée au XIXe s. Il est surtout connu pour la magnifique statue de bois le représentant conservée au musée du Caire et pour laquelle j'ai une affection particulière. Puisque j'ai choisi de lui emprunter son nom, je lui dois bien un article pour vous le présenter.
Le mastaba de Kaaper dans la nécropole de Saqqarah a été fouillé par Auguste Mariette Pacha en 1860. Kaaper vécut durant le règne d'Ouserkaf (env. 2465-2458 av. n. e.), roi de la Ve dynastie, sous l'Ancien Empire. Il était prêtre-lecteur.
La statue le représentant est l'une des oeuvres les plus remarquables de cette période, étonnante de vie et de réalisme. En bois de sycomore, elle est presque de hauteur naturelle (1,12 m). Elle était à l'origine recouverte d'une couche de stuc peint, dont il reste des traces et qui devait ajouter au réalisme de la sculpture. On n'a pas cherché à idéaliser le défunt, mais à le représenter tel qu'il était. Il est en marche, le pied gauche en avant. Il tient dans la main gauche le bâton qui marque sa fonction et tenait sans doute un rouleau dans la main droite. Les bras ont été sculptés à part et fixés au reste de la sculpture par des chevilles de bois.
Mais ce sont sans doute les yeux qui sont les plus troublants. Lorsque vous vous trouvez devant la statue de Kaaper, vous avez l'impression qu'il vous regarde. Ses yeux sont réalisés en albâtre, cristal de roche et pierre noire, le tout cerclé de bronze pour figurer le maquillage au khôl alors en usage.
Une anecdote concernant cette statue lui vaut encore aujourd'hui un surnom qui lui a été donné lors de sa découverte. Pendant les fouilles du mastaba, lorsque la statue a été trouvée, les ouvriers égyptiens de Mariette ont immédiatement trouvé que cette sculpture ressemblait étonnamment au maire de leur village et la surnommèrent pour cette raison "sheykh el-beled" !