On comprend aisément, en parcourant avec un oeil attentif et un esprit ouvert à la magie des lieux, pourquoi la forêt de la Sainte-Baume, dans le Var, est depuis des millénaires un espace considéré par les hommes comme sacré... Au détour d'un chemin s'offrent, à l'abri de l'un des rares parcelles de forêt provençale encore intactes, des visions qui donnent la mesure de ce que cet endroit pouvait suggérer à l'esprit de nos lointains ancêtres. Minéral et végétal intimement mêlés forment un univers particulier dans lequel on peut encore se sentir, pour un instant, hors du monde et hors du temps. Et quand la lumière d'un soleil clément perce les frondaisons, c'est toujours pour révéler à celui qui sait regarder un peu de la magie de cette forêt...
Ces arbres, ces pierres, furent bien longtemps avant l'arrivée du christianisme, respectés et vénérés par toutes les populations qui se sont succédées dans cette Provence Maritime fille de la Grèce et de Rome autant que des mystérieux Ligures. Les Grecs de Marseille y honoraient, dit-on, l'Artemis d'Ephèse... Et c'est ce lieu enchanteur que choisit Jean Cassien, à son retour d'Egypte, pour établir l'une de ses premières communautés monastiques au désert provençal. Depuis des siècles, pour les Provençaux, c'est un des lieux les plus sacrés : celui où se serait retirée leur sainte patronne, Marie-Madeleine, dont le tombeau tout proche, dans la basilique de Saint-Maximin, est l'un des grands lieux saints de la chrétienté d'Occident.
Nous reparlerons de cet endroit fascinant, de son patrimoine et de son histoire. Mais pour l'heure, laissons-nous emporter par cette part de rêve à laquelle nous invite une nature fort heureusement protégée...