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6 septembre 2008 6 06 /09 /septembre /2008 11:22



Silence


Le silence, sournoise sarabande qui tue les heures
Quand elles pourraient être douces ; silence moqueur
Qui enfle de questions les murs vides d'ennui,
Tourbillonne sans fin dans les cerveaux brouillés,
Las et corrompus de ne plus écouter,
Et ronge de doutes affreux la pâleur de la nuit ;


Ce silence sur tes lèvres fait trembler, monstre inquiet,
Toutes les certitudes que j'ai blotties en toi ;
Il arrache à mon cœur des reproches muets
Et glisse son orgueil dans mon cruel émoi.
Il assassine, dans l'instant qui hurle d'impatience,
Les espoirs aux sourires trompeurs, et l'absence


Tisse autour de mon âme des chimères plus cruelles
Que les rythmes odieux des passions criminelles.


Ne ferme pas tes yeux sur l'aujourd'hui limpide,
Mais donne-moi tes mots pour affronter le vide,


Le soupçon se nourrit de ce qu‘on ne dit pas...










J'ai écrit ce poème il y a très longtemps, presque dans une autre vie - plus de dix ans, autant dire presque une éternité  ; à l'époque d'un grand amour qui se terminait mal et, comme souvent, dans ces silences terribles qui annoncent la fin... prenant la place d'autres silences plus "innocents", silences timides, complices ou rieurs. En le relisant aujourd'hui, dans cette vie d'aujourd'hui, je me suis rendu compte qu'il avait pris une toute autre portée. Il n'est plus seulement un instantané d'une histoire spécifique ; il a pris la dimension plus générale d'incarner tous les silences qui disent ce que l'on cherche à taire par peur d'affronter la réalité de l'échec.

J'ai toujours pensé qu'une fois achevés, nos écrits nous échappaient, qu'ils prenaient une vie propre ; avec cette contradiction apparente qu'ils demeurent comme un appendice de nous-même, appendice dont on ignore, au final, s'il est encore véritablement rattaché à nous ou pas. Ce poème en est tout compte fait une illustration. Même si, bien entendu, je n'ai pas oublié et n'oublierai jamais le silence qui l'a vu naître, force m'est de constater qu'il l'a très largement dépassé. Il est devenu, au fil du temps, le poème des silences rencontrés, vécus ou observés depuis. Les silences de l'autre aussi bien que les miens. Les silences confiés par des proches, des amis, ou froidement observés chez des inconnus. Non plus seulement les silences amoureux, mais aussi les silences d'amitié. L'idée est ainsi qu'il fera peut-être écho à des silences chez le lecteur, puisqu'il n'a plus ce caractère anecdotique lié à ma petite existence. C'est l'alchimie de l'union entre les mots et le temps... Non ? 

D'où l'audace de le partager aujourd'hui. Audace dans laquelle l'impudeur a moins de place, faute de quoi ce partage eut été impossible. Puisse-t-il vous parler, incarner le temps d'une lecture vos propres expériences de ces silences, prendre dans votre âme ou votre coeur une dimension qui vous sera propre... Vous offrir un instant de plaisir ou de mélancolie. Mais, dans tous les cas, à vous de vous l'approprier...
 

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commentaires

C
<br /> Je découvre aujourd'hui votre site; je cherchais juste le sens d'un mot .. j'y reviendrai souvent .<br /> Aucune impudeur dans ces mots partagés ; ils rejoignent nos propres expériences .. mais les silences sont beaux aussi .. un temps ! Merci !<br /> <br /> <br />
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K
<br /> <br /> Vous serez toujours bienvenu dans les Horizons.<br /> <br /> <br /> La phase d'impudeur est en fait surtout celle où l'on fait la démarche de partager un texte que l'on a écrit. Ensuite, il prend une vie qui lui est propre, chacun pouvant effectivement y trouver<br /> un écho de son propre ressenti.<br /> <br /> <br /> Le silence peut être un grand bienfait, surtout dans un monde encombré de bruits comme le nombre. Et parfois il peut être très négatif. Il y a beaucoup de sortes de silences, en fait, et tous<br /> sont révélateurs.<br /> <br /> <br /> Amitiés, Kaaper<br /> <br /> <br /> <br />
E
Kalispéra Sas kaaper!<br /> Un bien joli poême !! Moi aussi j'aprécie plus particulièrement le dernier vers....<br /> Je n'arrive pas à retrouver un poème qui s'intitule "les enfants d'Alexandrie",peux-tu me dire si c'est dans les "Horizons d'Aton" que je l'ai lu?<br /> Sas efkaristo para poly (je te remercie beaucoup)<br /> Pola filia <br /> Corinne
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K
<br /> Heureux et touché que ce texte te plaise, je sais que toi aussi tu apprécies le monde des mots. Je ne m'étais pas rendu compte que le dernier vers était si percutant, comme quoi le regard du<br /> lecteur est instructif et révélateur. Désolé pour les "Enfants d'Alexandrie", il ne se trouve pas dans Beyt Kaaper. Asef (désolé). Pola filia , Kaaper<br /> PS : c'est sûr maintenant, tu me donnes envie d'apprendre le grec, lol ! ;)<br /> <br /> <br />
~
Magnifique poème<br /> La dernière phrase est d'une justesse!
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K
<br /> Merci, heureux qu'il t'ai plu. Là encore, je sais combien tu apprécies l'univers des mots et ton compliment me touche d'autant plus. Bon dimanche. Kaaper<br /> <br /> <br />
C
Très beau poème Kaaper. Il y a des silences plus significatifs que d'autres ... On espère toujours que certains ne durent pas.<br /> Je te fais plein de poutoux<br /> <br /> Catlyna
Répondre
K
<br /> <br /> Sachant combien tu aimes la poésie, le compliment me touche beaucoup... Ces maudits silences, n'est-ce pas ? Moi aussi je te fais plein de poutoun, ma bello. Kaaperek<br /> <br /> <br /> <br />

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  • : Horizons d'Aton - Beyt Kaaper
  • : Une demeure perdue quelque part entre rêve et réalité, dans les sables du désert égyptien ou sur les flots de la Méditerranée. Tournée vers l'horizon, les horizons divers... Les horizons de l'Est et de l'Ouest, comme disaient les anciens Egyptiens... Une demeure un peu folle, pour abriter des rêves un peu fous, des passions, des émotions, des coups de coeur...
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